L’astronomie sans fatigue

La vulgarisation scientifique est un art délicat. Beaucoup s’y essaient, peu atteignent leur cible. Si l’on ne devait retenir qu’un seul nom, ce serait sans aucun doute celui de Camille Flammarion, l’homme qui lui donna ses lettres de noblesse, avec son incroyable ouvrage L’Astronomie populaire. LA NAISSANCEDE LA VULGARISATION SCIENTIFIQUE
La pénétration des théories ou avancées scientifiques au sein du grand public s’effectue par des passeurs, des scientifiques se livrant à l’exercice délicat de la vulgarisation. A la fin du xixe siècle, ces passeurs ne sont pas nombreux, et la science reste globalement une affaire de spécialistes. Jusqu’à l’entrée en scène de l’astronome français Camille Flammarion. La vulgarisation scientifique trouve en ce personnage une sorte de paradigme, qui marqua à tout jamais l’histoire de la diffusion des idées scientifiques. « Ce livre est écrit pour tous ceux qui aiment à se rendre compte des choses qui les entourent, et qui seraient heureux d’acquérir sans fatigue une notion élémentaire et exacte de l’état de l’Univers ». Le ton est donné pour son œuvre maîtresse, L’Astronomie populaire, celle qui va traverser le temps et devenir le chef-d’œuvre de la vulgarisation scientifique. D’abord publié en fascicules, puis sous forme reliée, ce livre a connu un succès fulgurant dès sa parution en 1879.
LE PREMIER BEST-SELLER SCIENTIFIQUE
Camille Flammarion, né Nicolas Camille Flammarion le 26 février 1842 à Montigny-le-Roi, dans la Haute-Marne, et mort le 3 juin 1925 à Juvisy-sur-Orge, était un astronome français. 11 fut un membre très actif de maintes sociétés savantes et d’associations pour la vulgarisation des sciences positives. Ses découvertes scientifiques tournent essentiellement autour de l’étude du Soleil et de différentes planètes, mais l’histoire retiendra son nom pour son extraordinaire œuvre de diffusion de l’astronomie, le plaçant et le maintenant, encore au xxe siècle, au premier rang des vulgarisateurs français, voire internationaux. Flammarion met en effet à la portée du grand public les problèmes de l’astronomie. mais aussi de l’atmosphère terrestre ou encore du climat. Flammarion a publié une cinquantaine d’ouvrages de vulgarisation scientifique. Avec plus de cent mille exemplaires écoulés, L’Astronomie populaire fut un best-seller pour l’époque, et le serait également aujourd’hui avec de telles ventes.
L’ASTRONOMIE POUR TOUS
Flammarion est un homme curieux et de son temps. Outre l’astronomie, il va s’intéresser de près à l’occultisme qui affole l’Europe. Cette facette mystique et spirite va ajouter une certaine notoriété à son nom. Toujours dans une farouche volonté de diffusion de la culture scientifique, Camille Flammarion réunit en 1887 un groupe d’amis de la science et fonde avec eux la Société Astronomique de France, bientôt dotée, en plein Quartier latin, d’un observatoire populaire ouvert à tous.
La revue L’Astronomie en devient le bulletin mensuel, diffusé sur les cinq continents. Flammarion, après en avoir été le premier président, en reste le secrétaire général jusqu’à sa mort en 1925. Gabrielle, sa seconde épouse, reprendra le flambeau et continuera son œuvre. Encore au xxe siècle, « l’esprit Flammarion », subtil alliage de rigueur scientifique, de désintéressement, d’enthousiasme et de foi en l’avenir, anime toujours la Société Astronomique de France, comme il animait son Astronomie populaire.
NAISSANCE D’UN ÉDITEUR
Alors que Camille observe le ciel et songe à l’expliquer au plus grand nombre, son frère Ernest se lance dans l’aventure éditoriale en s’associant à la libraire Charles Marpon en 1876. Il fonde ainsi les éditions Flamma-rion-Marpon. qu’il installe sous les arcades de l’Odéon à Paris. Et c’est naturellement lui qui va éditer le livre de son frère L’Astronomie populaire. Le succès est fulgurant, si bien que les éditions Flammarion – le nom Marpon disparaissant assez vite – s’installent durablement dans le paysage éditorial. Après s’être concentrées sur la littérature, les éditions Flammarion vont diversifier leur catalogue en s’ouvrant notamment aux ouvrages de vulgarisation scientifique, Ernest devant se souvenir de ce qui lui a mis le pied à l’étrier. Encore aujourd’hui, la collection « Champs Sciences » à la célèbre couverture jaune accueille les plus grands textes scientifiques passés et présents et reste une référence pour qui cherche à comprendre les avancées et les enjeux de la science.
UN OBJET DE COLLECTION
L’Astronomie populaire de Camille Flammarion est un livre encore recherché de nos jours. Paru en 1879, le livre fut réédité une première fois en 1890, puis connu de nombreuses réimpressions, sous différents formats : en livres dorés sur tranche, devenant de belles récompenses pour les distributions de prix des écoles, ou brochés, en livrets thématiques ou encore en fascicules. Devenu un best-seller en France et couronné par le prix Montyon de l’Académie française, il fut traduit en plusieurs langues et réédité plusieurs fois après la mort de Flammarion. Cependant, il fut tellement retravaillé avec l’aide de plusieurs astronomes que l’ouvrage, certes bien plus en lien avec l’actualité et l’évolution des connaissances sur le ciel, n’avait plus grand-chose à voir avec l’original. C’est pourquoi, un siècle après sa parution, des éditeurs ont publié des rééditions en fac-similé de l’édition originale, devenue un objet de collection et restant un objet d’étude pour les astronomes en herbe.

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