La planification est un outil économique au service de décisions politiques. Si on la connaissait surtout centralisée en URSS, elle intervient pourtant dans de nombreux pays. Qu’elle soit indicative ou impérative, sectorielle ou macroéconomique, elle reste un outil puissant à la disposition du politique.
DÉFINITION
Le concept de planification se situe à la lisière du champ économique et du champ politique. Théorisée en économie et mise en œuvre par le monde politique. Il s’agit de planifier, c’est-à-dire d’organiser dans le temps une succession d’actions ou d’événements afin de réaliser un objectif particulier ou un projet. L’économiste britannique Andrew Shonfield écrivait en 1966, dans Le Capitalisme d’aujourd’hui, que « la planification économique est l’expression la plus caractéristique du nouveau capitalisme. Elle traduit la détermination de conduire les événements économiques plutôt que d’être conduit par eux ». La planification permet de décrire les objectifs recherchés, la manière dont ils seront atteints, les rôles et les responsabilités des différents acteurs, le calendrier, l’estimation des moyens à mettre en œuvre et des coûts et les modalités de suivi et de contrôle. Naturellement, la planification nécessite un grand nombre d’outils, qui vont des probabilités à la notion de budget.
PLANIFICATION INCITATIVE
On peut classer les différents types de planifications selon soit le degré d’intervention de l’État, soit la portée des objectifs poursuivis par le plan. Dans le premier cas, on rencontre la planification incitative ou/et indicative, la planification impérative et la planification mixte, c’est-à-dire à la fois indicative et impérative. La première forme de planification laisse jouer les mécanismes du marché et l’État a surtout un rôle d’orientation. Il dispose de moyens, en particulier financiers (subventions, prêts à taux réduits, avantages fiscaux) qui lui permettent de créer les conditions favorables à la réalisation des objectifs de décisions dans le sens indiqué par le plan. L’État se limite ici seulement à indiquer, d’où l’appellation de planification indicative, il ne peut en aucun cas imposer quoi que ce soit. Il laisse aux investisseurs et acteurs du plan la liberté de décider des actions à mettre en œuvre. C’est donc naturellement dans les pays capitalistes que ce type de plans fleurit.
PLANIFICATION CENTRALISÉE
La planification impérative est ce que l’on connaît aujourd’hui, depuis la mise en place de tels plans en URSS jusqu’à leur disparition avec la perestroïka, sous le nom de planification centralisée ou collectiviste. Dans ce type de planifications, les principales variables économiques sont fixées par l’État et s’imposent à tous. La planification devient la loi et fixe des objectifs, comme le montant du PIB à atteindre, le niveau des salaires, etc. L’État intervient donc dans la gestion courante de l’économie à travers les entre prises publiques via un organisme central de planification. En URSS, ce rôle était dévolu au Soviet suprême. Ce dernier oriente les investissements vers les projets efficaces au développement. Ce type de planifications a naturellement des avantages et des inconvénients. D’un côté, la production est assurée et les prix sont souvent bas. De l’autre, il freine ou bloque les initiatives au sein des entreprises, ne permettant pas à une classe d’entrepreneurs d’apparaître.
DIFFÉRENTS TYPES DE PLANIFICATION
Le cas de la planification mixte s’articule comme une planification impérative pour les actions initiées dans le secteur public et indicative pour les actions qui touchent le secteur privé. On trouve ce type de planifications notamment dans les pays en voie de développement. Mais on peut imaginer une autre classification des planifications, selon la portée des objectifs poursuivis. On y distingue trois grands types, la planification par projet, la planification sectorielle et la planification macroéconomique ou globale. Pour le premier type, on privilégie quelques bons projets à soutenir, des projets capables d’entraîner le développement d’un secteur, voire de l’économie nationale dans son ensemble. Pour le deuxième type, l’économie est divisée en secteurs principaux, considérés comme la clé du développement économique. Le dernier type englobe l’ensemble des secteurs de la vie économique d’un pays et détermine les objectifs principaux ou globaux, comme un taux de croissance à atteindre.
EN FRANCE
La Russie n’a pas été le seul pays à connaître une planification. La France, par exemple, a connu son premier plan entre 1946 et 1952, le « plan Monnet » de modernisation et d’équipement. Il avait pour objectif la reconstruction de la France d’après-guerre en s’axant sur certains secteurs industriels. Les plans suivants porteront sur l’ensemble des secteurs industriels, mais en s’adaptant au contexte social et politique. Par exemple, le sixième est considéré comme celui de l’impératif industriel. Toutefois, la planification peine à convaincre les politiques, si bien qu’elle est progressivement abandonnée en France pour disparaître complètement au début des années 1990. Elle est remplacée en partie par les contrats de plan État-Régions qui deviennent l’outil privilégié d’aménagement du territoire. On peut voir dans la création du Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP) en 2013 une sorte de retour en force de la planification économique dans le champ politique.
À RETENIR
La planification est un outil économique très utilisé par les pouvoirs politiques. L’idée est de planifier, c’est-à- dire d’organiser dans le temps une succession d’actions ou d’événements, afin de réaliser un objectif particulier ou un projet. Elle peut être impérative ou centralisée, indicative ou incitative, ou bien encore mixte, c’est-à- dire impérative et incitative. Elle peut porter sur un seul projet, sur un secteur, voire sur l’économie dans son ensemble. La France a connu de nombreux plans, depuis l’après-guerre jusqu’aux années 1990.
La planification est-il un moyen efficace pour les pays en voie de développement pour mieux décoller?