En suivant la voie tracée par Adam Smith et surtout par David Ricardo, deux économistes suédois mettent en place un modèle pour le commerce international. Ce modèle deviendra la théorie HOS avec les compléments de l’Américain Samuelson.
Un modèle qui est loin de faire l’unité au sein des économistes.

LE CONTEXTE POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE

La théorie HOS, du nom de ses auteurs, traite du commerce international. Ce dernier est, par définition, les échanges internationaux de biens et de services, les échanges de capitaux étant plus de l’ordre de la finance internationale. Si de nombreux classiques se sont intéressés à la question des échanges internationaux, l’ouvrage fondateur de cette branche de l’économie date de 1933 et a été publié par le Suédois Bertil Ohlin sous le titre Interregional and international Trade. La théorie HOS tire son nom des trois auteurs qui l’ont, tout à tour, construite. On trouve d’abord les travaux du Suédois Eli Heckscher en 1919, complétés par ceux de son concitoyen Bertil Ohlin en 1933, puis de nouveau repris par l’Américain Paul Samuelson en 1941. La théorie HOS est aujourd’hui le modèle néoclassique de base pour le commerce international. La volonté affichée des auteurs était bien de confirmer le besoin du libre- échange, de la concurrence pure et parfaite et de la spécialisation des pays.

SMITH ETRICARDO

À l’origine de la théorie HOS, se trouvent celles d’Adam Smith, mais surtout de David Ricardo, concernant le commerce international. Pour Adam Smith, il faut mettre en place une politique dite des avantages absolus, selon laquelle tout pays a intérêt à spécialiser sa production dans celle où ses coûts de production sont plus faibles que dans tous les autres pays. Quelques années plus tard, David Ricardo lui préfère la théorie des avantages comparatifs. L’idée, cette fois, est que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans le secteur où il est le plus avantagé ou pour lequel son désavantage est le moins important. Chez ces deux économistes, la supériorité du libre-échange est le but à atteindre. Toutefois, ni l’un ni l’autre ne cherchent à expliquer les raisons des différences de coût de production selon les pays. C’est l’une des faiblesses de ces modèles à laquelle la théorie HOS va tenter de répondre en s’appuyant sur la notion de facteurs de production et de leurs dotations initiales.

LA THÉORIE HOS

La théorie HOS repart de la théorie des avantages comparatifs de Ricardo et tente d’en éliminer les faiblesses, notamment en expliquant les différences de coût de production. Pour cela, Heckscher puis Ohlin introduisent les dotations en facteurs des pays afin d’expliquer l’existence des avantages comparatifs. La dotation en facteurs correspond aux stocks de capital, de travail et de terres, qui sont immobilisés dans le pays. Pour eux, tout pays a intérêt à se spécialiser dans la production des biens et plus récemment des
services, qui utilisent le plus de facteurs de production dont il est le plus doté. Des produits peuvent nécessiter beaucoup de capital, tel que des machines ou de la technologie, à l’image des voitures ou des ordinateurs. Ces produits seront dits à forte intensité de capital. D’autres seront dits à forte intensité en main-d’œuvre, comme les vêtements. Le commerce international a alors lieu quand les dotations relatives en facteurs de deux pays sont différentes.

L’APPORT DE SAMUELSON

En 1941, l’Américain Paul Samuelson complète les travaux de Heckscher et Ohlin et finalise la théorie qui deviendra la théorie HOS. Pour Samuelson, la théorie de Heckscher et Ohlin conduit à l’égalisation de la rémunération des facteurs de production, un argument en faveur de la spécialisation et du libre- échange. Il explique que la baisse de l’offre du facteur abondant dans un pays, conséquence de la spécialisation, produit une hausse de sa rémunération, tandis que la baisse de l’offre des facteurs les moins abondants produit une baisse de leur rémunération, d’où l’égalisation de la rémunération. Sa conclusion est que cette théorie permet de répartir de manière optimale les facteurs de production sur le marché mondial. Ainsi, la théorie HOS propose une vision très spécifique des relations Nord-Sud en matière d’échanges internationaux. Les pays du Sud, dont la main-d’œuvre est bien plus abondante que le capital, doivent naturellement se spécialiser dans les biens à faible valeur ajoutée.

LE PARADOXE DE LÉONTIEFF

En 1954, l’économiste Wassily Leontief tente de vérifier empiriquement la théorie HOS en utilisant les données américaines. L’hypothèse était que les États-Unis, mieux dotés en capital qu’en main- d’œuvre, doivent exporter plus de biens à forte intensité de main-d’œuvre. Or, Leontief montre que c’est l’inverse. Ce paradoxe s’expliquerait par le fait que la main-d’œuvre américaine est plus efficace que le reste du monde. Ainsi, Leontief préconise de pondérer le facteur travail par le niveau de formation. Pour rendre la théorie HOS plus proche du réel, certains auteurs ont proposé d’ajouter un quatrième facteur, la technologie. Si dans la théorie classique, les facteurs étaient immuables, ce n’est désormais plus le cas. Ils peuvent être modifiés par la technologie. Un ouvrier, avec ou sans machine, n’a pas le même niveau de production. Toutefois, malgré cet ajout, il est clair que le commerce international n’a pas eu pour effet d’égaliser les revenus dans le monde, comme le pensait Samuelson.

À RETENIR

Au début du xxe siècle, deux économistes suédois, en s’inspirant des travaux de David Ricardo, proposent un modèle pour le commerce international. Ce modèle sera complété quelques années plus tard par Paul Samuelson pour aboutir à ce qu’on appelle désormais la théorie HOS. L’idée est que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans les secteurs où il est le mieux doté en facteurs. Cette théorie, qui vise à confirmer le principe de libre-échange, devrait aboutir à une égalisation des revenus dans le monde. Un objectif encore loin d’être atteint.