En 1798, le révérend Thomas Malthus expose pour la première fois ses principes sur la population. Faisant le constat d’une divergence entre l’accroissement de la population et celui des ressources, il formulera un certain nombre de solutions plus ou moins radicales et plus ou moins acceptables.

LE PARCOURS DE MALTHUS

Né le 13 février 1776 près de Wotton en Angleterre, Thomas Robert Malthus devient prêtre de l’Église anglicane en 1797. Très influencé par ses lectures d’auteurs tels qu’Adam Smith, David Hume, Condorcet, William Godwin ou encore Jean-Jacques Rousseau, Malthus décide de s’intéresser aux problèmes économiques de son temps. Cet attrait est renforcé par le fait que Malthus est, vers la fin du xvi i Ie siècle, pasteur en charge de l’assistance aux personnes dans la précarité. C’est cet ancrage dans la réalité qui lui permet de critiquer l’éloignement du réel des penseurs qu’il admire et qui lui permettra d’aboutir à sa théorie de la population. S’il est considéré aujourd’hui comme un économiste de l’école classique, aux côtés de Smith et Ricardo, sa pensée sera toutefois une grande influence de la pensée keynésienne, radicalement opposée à l’école classique. Beaucoup critiquée, la théorie malthusienne reste encore une base de réflexion pour toutes les questions liées à la surpopulation.

PRINCIPE MATHÉMATIQUE

C’est en 1798 que le révérend Thomas Malthus publie son Essai sur le principe de population. Les écrits ultérieurs de Malthus sont, pour la plupart, des reformulations, des approfondissements ou des Justifications de ce premier essai, à tel point qu’entre la première et la quatrième édition de son essai, ce dernier aura triplé de volume. Le constat de Malthus est assez simple. Selon lui, il existe une divergence fondamentale entre l’accroissement de la population et celui des ressources. Le principe mathématique qui sous-tend cette thèse est lui aussi fort simple. Malthus explique, en effet, que la croissance démographique suit une progression géométrique, schématiquement multiplicative, alors que les ressources croissent de manière arithmétique, donc additive. Ainsi, la population croit beaucoup plus vite que les ressources. Et donc, si l’on ne fait rien et qu’aucun événement extérieur, du type guerre ou épidémie, ne vient brusquement inverser la tendance, les sociétés courent à la famine.

LES SOLUTIONS DE MALTHUS

Une fois le constat de la divergence des accroissements de la population et des ressources fait, Malthus va tenter d’avancer quelques solutions pour y remédier. Si le constat de Malthus sera un peu critiqué, ce sont bien ses solutions qui attireront les foudres de nombreux économistes. Ce que l’on regroupe aujourd’hui sous l’appellation de malthusianisme peut se résumer à l’idée d’une nécessité d’un contrôle démographique par les pouvoirs politico-économiques afin de pouvoir compenser la plus faible croissance des ressources. Afin de réguler la croissance de la population, Malthus avance des solutions plus ou moins drastiques, comme le prélèvement d’un impôt sur les naissances, des offres pour les couples sans enfant ou encore l’arrêt de toute aide sociale aux nécessiteux. Malthus s’appuiera, par exemple, sur l’idée d’une contrainte morale, sous la forme du mariage tardif. Le malthusianisme est ainsi devenu l’application de toute mesure visant à résoudre le problème de la surpopulation.

DIFFÉRENTS TYPES DE SOLUTIONS

Les écrits de Malthus suggèrent trois grands types de solutions possibles à la surpopulation. D’une part, il est possible de tenter de changer le comportement humain afin d’infléchir le taux de natalité et donc de la croissance de la population. D’autre part, on peut envisager de modifier les conditions de production des ressources. Tous les travaux sur les facteurs susceptibles de suspendre les effets des rendements décroissants sur de longues périodes vont dans ce sens. On notera que c’est sur cette question des rendements décroissants que Keynes reprendra les travaux de Malthus pour mettre en place les prémices de la théorie de l’état stationnaire. Le troisième type de solutions est plus fondamental, dans la mesure où il considère la divergence entre les taux d’accroissement de la population et des ressources comme intrinsèque à la nature de l’économie dans son ensemble. C’est donc à une théorie de l’équilibre général, et de sous-équilibres, que Malthus va s’attaquer dans ses écrits.

LES CRITIQUES ET LE NÉO-MALTHUSIANISME

Les écrits de Malthus vont être le sujet de beaucoup de débats et de critiques. Ces critiques s’articulent autour de deux aspects. D’une part, le constat de Malthus quant à la divergence des taux d’accroissement de la population et des ressources et, d’autre part, les solutions qu’il avance pour y remédier. Pour le premier aspect, le premier auteur à critiquer le modèle de Malthus est Jean-Baptiste Say. Ce dernier estime que le principe mathématique du modèle est beaucoup trop simpliste. Sur le deuxième aspect, Marx et Engels critiquèrent violemment les solutions de Malthus, les jugeant tout simplement inhumaines. D’autres critiques virent le Jour en opposant à Malthus l’idée qu’en cas d’écarts trop grands entre la population et les ressources, les innovations technologiques peuvent permettre de remettre à niveau les ressources. Malgré les critiques, la théorie malthusienne a évolué vers un néomalthusianisme qui traite toutes les questions, toujours d’actualité, liées à la surpopulation.

À RETENIR

C’est en 1798 que Malthus publie son Essai sur le principe de population, dans lequel il expose l’idée selon laquelle la population croît beaucoup plus vite que les ressources et que, si l’on ne fait rien, cela peut amener à de terribles famines. Il propose donc des solutions, comme une meilleure régulation de la population, des modifications quant à la production de ressources ou encore la recherche d’un équilibre général pour l’économie dans son ensemble. Il sera vivement critiqué mais influencera un grand nombre d’économistes.