L’expérience communiste a connu des fortunes diverses dans les pays où elle a été tentée. Quel qu’en soit le bilan que l’on puisse en tirer, le constat est que tous les pays ont souhaité en sortir. Parmi les chemins possibles, le socialisme de marché a été longtemps considéré comme la transition idéale
LA FIN DES COMMUNISMES
Le xxe siècle a été marqué par l’émergence, le développement mais aussi la disparition d’un système politico-économique qui se voulait une alternative au capitalisme, le communisme. Fondées sur le travail théorique de Marx, les expériences de mise en œuvre du communisme dans différents pays du monde ont été aussi diverses qu’éphémères, si on compare leur durée de vie à l’histoire de longue durée du capitalisme. Aussi bien pour les bases théoriques multiples que pour les mises en œuvre très variées, on parlera plus justement des communismes, même si certains éléments se retrouvent ici et là, comme l’industrialisation au détriment du secteur primaire ou l’utilisation du plan comme instrument de politique économique. De la même manière, la sortie des communismes a été très différente selon les pays. Application de la « thérapie de choc », qui fut une réussite partielle pour la Pologne, mais un échec pour la Russie, ou sortie graduelle, réussie pour la Chine mais partiellement ratée pour la Roumanie.
DÉFINITION
L’une des stratégies de sortie du communisme se fonde sur le « consensus de Washington ». Il énumère une dizaine de points, organisés autour du triptyque « libéralisation, stabilisation, privatisation », un train de réformes pour accompagner la transition des pays postcommunistes, notamment ceux d’Europe de l’Est. Le moins que l’on puisse dire est que les résultats ne furent pas à la hauteur des attentes. Un autre chemin a été pris par des pays comme la Chine et le Vietnam. L’idée ici était d’entreprendre d’ambitieuses transitions qui avaient pour objet de transformer l’économie de leur pays par le biais de la libéralisation du marché, tout en conservant leur structure politique centralisée. C’est ce que l’on va appeler par la suite le « socialisme de marché ». La réussite de cette transformation en Chine, même si tout n’a pas été réglé, est à mettre au crédit du socialisme de marché. La formidable croissance économique de ce pays, depuis plus de trente ans, en est la meilleure illustration.
AVANT 1989
La Chine ainsi que les autres pays communistes d’Asie n’ont pas attendu la chute du Mur de Berlin et l’effondrement du bloc communiste d’Europe de l’Est pour s’engager dans un processus de sortie du communisme. Ou, en tout cas, d’adaptation de leur modèle politico-économique face à la réalité de leur population. En effet, la pression économique se fait de plus en plus forte sur ces pays dont les populations survivent dans une pauvreté endémique, coupées du monde extérieur. C’est la Chine qui, dès la fin des
années 1970, s’engagera dans le socialisme de marché afin de sortir de cette situation. Quelques années plus tard, en 1986, elle sera rejointe par le Laos et le Vietnam, puis, bien plus tard, par la Corée du Nord et Cuba. Pendant de longues années, le socialisme de marché sera présenté comme une solution pour les pays voulant sortir du communisme, une transition idéalisée dont la dynamique interne est à toute épreuve et capable de miracles et de mutations réelles et profondes.
UNE APPELLATION PARADOXALE
L’expression même de « socialisme de marché » peut apparaître, au premier abord, comme paradoxale. En effet, elle associe deux termes attachés à deux théories économiques que tout semble opposer, le communisme et le capitalisme, ce dernier étant considéré dans sa dimension libérale, c’est-à-dire avec la mise en avant du marché. En fait, lorsque l’on y regarde de plus près, le socialisme de marché serait une tentative concrète de remédier à des impasses et des blocages présents dans l’un ou l’autre des modèles. Il apparaîtrait finalement comme une synthèse idéale, ne conservant de chaque système que les clés de la réussite économique. Il est à noter toutefois que le socialisme de marché n’est pas apparu ex abrupto. Le marché n’a jamais totalement disparu des régimes communistes ou refaisait régulièrement son apparition, à l’exemple de la Russie qui le réintroduit peu de temps après la révolution de 1917, en 1921 précisément, à travers sa nouvelle politique économique, la désormais célèbre NER
LE MARCHÉ COMME SOUPAPE
Le socialisme de marché a fonctionné, outre la mise en place réelle d’un marché dans une économie communiste, comme une arme de négociation des États face à la grogne des populations et lors de famines pas trop sévères. Le marché, ponctuellement et localement autorisé avant les années 1980, puis de manière générale avec le socialisme de marché, constitue une soupape de sécurité. Ainsi, le socialisme de marché constituerait une sorte de troisième voie, entre le capitalisme et le communisme et permettrait des rapports enrichissants entre deux mondes. En effet, avant l’ouverture des pays communistes, les échanges étaient très riches, mais uniquement au sein des pays communistes. Pour les habitants de ces pays, le socialisme de marché signifie donc, avant tout, la possibilité d’une interpénétration inédite. Aujourd’hui, le socialisme de marché s’est installé de manière très diverse dans les différents pays, mais il semblerait que, d’une manière générale, le marché l’emporte sur le socialisme.
À RETENIR
La dualité capitalisme/communisme a été une réalité économique pendant une partie du xxe siècle. Pour diverses raisons, le monde communiste s’est effondré et les pays communistes ont choisi de sortir de ce régime politico- économique. Cela a pu se faire brutalement, avec la « thérapie de choc » ou le consensus de Washington, ou graduellement, avec le passage au socialisme de marché. Ce dernier représente une sorte de troisième voie, entre capitalisme et communisme, réintroduisant le marché tout en conservant une structure politique centralisée.
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