Comment éviter l’erreur fondamentale d’attribution ?

Nous avons tous tendance à chercher une cause expliquant le comportement d’autrui ou notre propre comportement, qu’il soit habituel ou bien exceptionnel. Les causes que nous retenons sont soit liées au contexte ou à l’environnement, ou aux traits de personnalité internes des gens.

L’ATTRIBUTION CAUSALE

Dans la réalité, il est quasiment impossible de savoir ce qui motive quelqu’un d’autre à adopter un certain comportement. Cependant, l’être humain a une tendance irrésistible (qui fait d’ailleurs sa force et qui a grandement contribué au progrès scientifique) : il souhaite toujours trouver une explication à ce qui se passe, que ce soit en lui ou autour de lui : c’est le concept de l’attribution causale. Le comportement d’une personne ne peut être expliqué que de deux façons différentes: il peut être motivé soit par l’environnement, le contexte, la situation, soit par des dispositions internes liées à cette personne, c’est- à-dire ses traits de caractère, ses dispositions naturelles. Cette question rappelle d’ailleurs un peu le débat entre l’inné et l’acquis: notre comportement est-il plutôt une conséquence de nos prédispositions génétiques (causes internes), ou de notre environnement familial et culturel (causes externes) ?

L’ERREUR FONDAMENTALE D’ATTRIBUTION

L’erreur fondamentale d’attribution est le fait d’expliquer le comportement d’autrui en lui attribuant des causes internes plutôt qu’externes: c’est un biais cognitif extrêmement courant et fréquent et qui a la conséquence de souvent compliquer nos relations. Ainsi, cela signifie qu’au lieu d’expliquer le comportement de quelqu’un en prenant en compte ses contraintes, son environnement ou la situation qu’il rencontre, on attribue plutôt son comportement à son caractère, ses intentions, ses émotions ou ses opinions. Cette erreur fondamentale d’attribution est d’autant plus importante quand on n’apprécie pas la personne visée, ou qu’on a sur elle un préjugé négatif. Par exemple, dans un couple heureux, le mari aura tendance à expliquer la mauvaise humeur de sa femme en invoquant des causes situationnelles (journée difficile, menstruations…), alors que dans un couple malheureux, le mari dira simplement que sa femme a mauvais caractère et qu’elle fait peu d’efforts.

L’EFFET OBSERVATEUR-ACTEUR

Le problème est que l’on ne réfléchit pas de la même façon quand nous devons expliquer notre propre comportement. Ainsi, imaginez que votre chef passe devant vous sans vous regarder ni vous dire bonjour, ou encore qu’il vous passe un savon mémorable et empreint d’agressivité. Si vous succombez à l’erreur fondamentale d’attribution, vous pouvez vous dire que votre chef ne vous respecte pas, qu’il est incompétent, peu sociable, ou encore qu’il manque de self-control ou de diplomatie. Si, cependant, quelqu’un vient vous reprocher les mêmes faits, vous aurez alors tendance à expliquer ce même comportement autrement: vous avez des soucis avec vos enfants et vous êtes préoccupé ces derniers temps ou votre chef vous a « mis la pression ». Cette différence d’attribution est ce que l’on appelle l’effet observateur-acteur. En tant qu’acteur, nous prenons mieux en compte les paramètres environnementaux pour expliquer un comportement.

LES CAUSES DE L’ERREUR FONDAMENTALE D’ATTRIBUTION

Premièrement, notre cerveau est fainéant. Il juge une personne selon son comportement et en tire des conclusions pour créer des stéréotypes, ce qui l’aide à ensuite prédire son comportement futur. Intégrer le comportement de l’autre dans un environnement donné est bien plus exigeant en termes d’effort intellectuel: le cerveau ne fait pas cet exercice naturellement. Ensuite, nous croyons tous que nous sommes responsables de notre comportement, car cette croyance est bien plus confortable que celle qui consiste à dire que nous sommes les jouets du destin et des événements, sans aucun contrôle sur notre vie. Cependant, il faut mettre un petit bémol à cette croyance. Les personnes n’ayant que très peu confiance en elles croient peu en leur « responsabilité » et attribuent souvent ce qui leur arrive à des causes externes, au « destin ». De même, nous avons tendance à dire que nous sommes responsables de nos réussites, alors que nous attribuons plus souvent nos échecs aux circonstances.

COMMENT NE PAS ÊTRE VICTIME DE CE BIAIS COGNITIF?

La première règle est de ne pas se fier à une seule observation pour juger quelqu’un ou de ne pas se fier à plusieurs observations faites dans le même contexte. Par exemple, vous pouvez juger votre voisine antipathique, mais votre jugement se base sur ce que vous voyez de votre fenêtre ou sur ce que vous entendez des voisins. Ensuite, l’empathie, le fait de savoir se mettre à la place de l’autre est une qualité essentielle pour éviter l’erreur fondamentale d’attribution. L’empathie permet ainsi d’imaginer ou de visualiser les contraintes et les raisons qui poussent quelqu’un à avoir un certain comportement. Cela ne l’excusera peut-être pas, mais l’expliquera en partie, ce qui peut vous aider à mieux le tolérer. Si, par exemple, votre collègue est désagréable, vous pouvez penser que c’est un mufle asocial, mais si vous apprenez que sa femme souffre d’un cancer depuis six mois alors qu’ils ont deux enfants en bas âge, vous réviserez certainement votre jugement…

À RETENIR

Nos disputes prennent souvent leur source dans ce qu’on appelle l’erreur fondamentale d’attribution. C’est ce qui consiste à dire à quelqu’un « tu es vraiment incompétent/égoïste » suite à un comportement que nous n’avons pas apprécié, au lieu de chercher les circonstances qui l’ont amené à avoir ce comportement. Pourtant, nous faisons l’exact inverse pour nous-mêmes. La meilleure façon d’y échapper est de prendre conscience de cette tendance bien humaine, d’éviter de faire des généralisations sauvages et de faire preuve d’empathie.

Laisser un commentaire