La mémoire est ce qui nous permet d’être. Le sentiment « d’être soi » dépend intimement de nos souvenirs. Sans eux, nous ne reconnaîtrions pas nos proches ou nous oublierions le chemin pour rentrer chez nous. Nous ne serions qu’une personne sans passé et sans futur.

QU’EST-CE QUE LA MÉMOIRE ?

La mémoire est ce qui nous permet d’encoder, de stocker et de rappeler des souvenirs dans notre cerveau. Ce phénomène est totalement inné et nous permet d’apprendre et de retenir des quantités absolument fantastiques d’informations, même si, il faut l’avouer, notre mémoire présente également de grosses failles, que ce soit dans l’encodage, le stockage ou le rappel des informations. En effet, elle joue parfois des tours bien mystérieux. Une personne peut, par exemple, oublier ce qu’elle a mangé la veille, mais se rappeler parfaitement de son premier baiser, de la date de sa première cigarette, ou encore de ce qu’elle était en train de faire quand elle a appris la nouvelle de l’attentat du 11 septembre 2001 et ce, même 15 ans après. Pourquoi? Quelles sont les raisons qui font qu’un souvenir va s’ancrer durablement dans le cerveau, alors qu’un autre sera si vite oublié qu’il n’aura pour ainsi dire jamais existé?
LES TROIS TYPES DE MÉMOIRES
La théorie communément acceptée pour expliquer le fonctionnement de la mémoire est celle de la « mémoire en 3 stades ». Le stade 1 est celui de la mémoire sensorielle. Cette mémoire enregistre de manière automatique et immédiate toutes les informations sensorielles qui passent à notre portée. Cependant, au vu de la quantité absolument ahurissante d’informations sensorielles (bruits, température, sensations, etc.), notre attention est obligée d’opérer des choix dans ce qu’elle va retenir. Les informations ainsi choisies (parce que importantes ou nouvelles) sont ensuite encodées dans la mémoire de travail (stade 2). Cette mémoire de travail va manipuler, comparer, répéter l’information de manière à la retenir et l’injecter dans la mémoire à long terme (stade 3). Mais elle peut aussi oublier l’information très rapidement si elle est considérée comme inutile, ce qui est le cas quand vous retenez un numéro de téléphone juste le temps de prendre un stylo et de le noter.
LE TRAITEMENT AUTOMATIQUE DESINFORMATIONS
Nous enregistrons naturellement un très grand nombre d’informations. C’est ce que l’on appelle le traitement automatique de l’information. Ce traitement s’effectue sans effort et sans même en prendre conscience réellement, ce qui nous permet de nous concentrer sur des choses plus importantes. Les informations encodées de manière automatique sont en général liées à l’espace et au temps: ainsi, si aujourd’hui vous perdez votre parapluie, vous pourrez sans trop de problèmes vous remémorer la journée pour savoir où vous l’avez oublié: les événements arrivés dans la journée auront été enregistrés sans que vous y prêtiez attention. La signification des mots courants de votre langue maternelle est aussi encodée automatiquement. Cela signifie que certaines informations peuvent, à force de répétition et d’entraînement, être encodées sans effort: c’est ce qui se passe quand vous conduisez par exemple, tous vos gestes se faisant sans que vous y réfléchissiez vraiment.
LE TRAITEMENT CONTRÔLÉ DESINFORMATIONS
Ce type d’encodage nécessite de l’attention: c’est ce que l’on fait quand on essaie de retenir une information nouvelle ou complexe par exemple. Ce traitement contrôlé nous permet en général de créer des souvenirs pérennes et facilement accessibles. Cependant, pour qu’un souvenir soit durable, son encodage doit respecter quelques règles. Par exemple, il vaut mieux que l’information soit répétée plusieurs fois et de préférence en respectant des intervalles de plus en plus longs. Plus nous passons de temps à retenir quelque chose, mieux nous le retenons, ce qui signifie aussi que plus nous apprenons vite, plus vite nous oublions ! De même, lorsque nous répétons une liste de 15 mots, il y a de fortes chances que nous retenions mieux les premiers et les derniers mots de cette liste. Mais nous les retien- drons encore mieux si nous nous formons des groupes de mots cohérents: le fait de lier ces mots entre eux nous permettra ainsi de rappeler leur souvenir plus facilement.
LES CAPACITÉS ÉTONNANTES DE NOTRE MÉMOIRE
Notre mémoire de travail est très limitée: elle ne peut, en général, retenir plus de 9 données en même temps et, sans répétition ni traitement de ces données, elle peut les oublier en moins de 12 secondes. Notre mémoire sensorielle est, elle, constituée d’une mémoire iconographique, qui enregistre pendant quelques dixièmes de seconde toute information visuelle, et d’une mémoire échoïque, qui peut retenir les sons entendus pendant quelques secondes, même si l’attention est ailleurs. Ce qui nous permet de répéter les derniers mots d’une phrase prononcée par une personne qui nous demanderait, agacée, « tu m’écoutes? » Notre mémoire à long terme peut retenir une infinité d’informations, même si nous ne choisissons pas forcément lesquelles. Notons seulement que certains souvenirs, ceux des attentats du 11 septembre par exemple ou d’une demande en mariage, s’encoderont mieux dans notre mémoire à long terme, car l’émotion forte ressentie va permettre de fixer l’expérience plus facilement.
À RETENIR • La mémoire nous permet d’encoder, de stocker des informations et de nous en souvenir. Elle se compose de la mémoire sensorielle (qui fixe, puis oublie les stimuli de manière immédiate), de la mémoire de travail (qui traite les informations importantes issues de la mémoire sensorielle et leur donne du sens) et de la mémoire à long terme. Certaines informations sont retenues automatiquement, d’autres nécessitent un traitement contrôlé, coûteux en énergie et en attention. Les émotions accentuent la fixation de certains événements dans notre mémoire.