La neuropsychologie est la science qui fait la jonction entre la psychologie cognitive, qui étudie ce que l’on appelle les fonctions supérieures du cerveau (mémoire, apprentissage, langage, raisonnement complexe, etc.), et la neurobiologie, qui s’intéresse au fonctionnement organique du cerveau.

LES OUTILS DE LA NEUROPSYCHOLOGIE

Pour étudier les liens entre les cognitions et le fonctionnement organique de notre système nerveux, dont fait partie le cerveau, les neuropsychologues ont à leur disposition trois ressources différentes:

  • L’imagerie médicale, de plus en plus perfectionnée, permet notamment de « cartographier » le cerveau, c’est-à-dire de déterminer les zones du cerveau dévolues à telle ou telle fonction biologique ou cognitive;
  • les études de cas portant sur des patients souffrant de lésions cérébrales. L’étude de ces lésions, de leur étendue et de leurs conséquences permet d’acquérir de nombreuses connaissances sur le fonctionnement du cerveau. Les troubles et pathologies étudiés sont extrêmement divers, puisqu’ils dépendent de l’endroit du cerveau qui a été touché;
  • les expériences sur les animaux. Actuellement, la majorité des expériences portent sur des souris, espèce que l’on connaît bien et qui, d’un point de vue logistique, est pratique à élever (natalité importante, taille réduite, etc.).
    LA PHRÉNOLOGIE AUX ORIGINES
    DE LA NEUROPSYCHOLOGIE

    La phrénologie (ou « théorie des bosses ») est à l’origine de la neuropsychologie, malgré de grandes différences au niveau de l’approche scientifique. La phrénologie est le produit de deux esprits, ceux du Dr Gall et du Dr Spurzheim, anatomistes de leur état, qui se mirent en tête de pouvoir prédire le comportement, les talents ou les traits de caractère d’une personne en fonction de la forme de son cerveau et de sa tête (d’ailleurs, cette discipline a encore une descendante directe: la morphopsychologie, qui entend définir les besoins, les motivations et le caractère des individus en fonction de la forme de leur visage). De leurs nombreuses études, dont la majorité est considérée aujourd’hui comme fantaisiste, est issue cependant une idée qui fera son chemin par la suite: le cerveau serait organisé en « zones », chacune spécialisée pour une fonction précise. Pour l’anecdote, l’expression « avoir la bosse des maths » vient également de cette époque.
    UNE SCIENCE EN PLEIN ESSOR
    D’énormes progrès ont été faits ces vingt dernières années dans le domaine de la cartographie cérébrale, même si le cerveau recèle encore d’innombrables secrets. À titre d’exemple, l’étude du cerveau et de ses processus internes a permis de définir des traitements médicamenteux pour des troubles vus pourtant comme incurables il n’y a pas si longtemps. Les symptômes de la dépression, de la schizophrénie, des troubles de l’anxiété sont ainsi bien soulagés
    par certaines substances psychotropes, qui modifient le fonctionnement du cerveau et du système nerveux dans sa globalité, même si dans certains cas, une thérapie peut aussi se révéler nécessaire pour changer en profondeur et modifier les processus cognitifs et émotionnels. Autre exemple, la découverte de l’existence des « neurones miroirs » et de leur rôle, notamment dans l’apprentissage par observation et dans les interactions sociales, mais aussi dans certaines pathologies comme l’autisme quand ils sont déficients.
    LES DIFFÉRENTS SYSTÈMES NERVEUX
    Le cerveau est un organe qui fait partie du système nerveux central, avec la moelle épinière. Il est relié au reste de l’organisme (muscles, cœur, etc.) par le système nerveux périphérique, constitué par des fibres nerveuses et des neurones situés partout dans le corps. Les nerfs sensoriels, par exemple, relient les organes sensoriels (peau, papilles, etc.) et le cerveau, permettant à ce dernier de créer une « image » visuelle, auditive, kinesthésique du monde qui nous entoure, mais aussi de nous-mêmes: ils nous permettent en quelque sorte de définir notre identité. Les nerfs moteurs relient les muscles et le cerveau et nous permettent d’effectuer des mouvements. Enfin, le système nerveux dit « autonome » gère les battements de cœur, les mouvements respiratoires, les glandes hormonales, etc. Tout cela signifie que le cerveau ne peut fonctionner correctement (et donc faire preuve d’intelligence) s’il est coupé des sensations, de nos sens ou de nos muscles.
    LA PLASTICITÉ CÉRÉBRALE
    C’est l’une des découvertes majeures sur le cerveau de ces dernières années. La plasticité cérébrale est définie comme la capacité du cerveau à se transformer, se modifier suite à une activité ou une expérience. Une expérience menée sur des souris montrait que celles qui avaient expérimenté un environnement pauvre en stimuli (solitaire, sans jeu ni activité physique, etc.) avaient un cerveau 10 % moins lourd que celles qui vivaient dans un milieu riche en stimuli. Ces dernières bénéficiaient également de connexions neuronales plus importantes et d’un cerveau mieux irrigué. Dans le cadre humain et thérapeutique, cette plasticité cérébrale est intéressante à plus d’un titre, mais elle passionne surtout les neuropsychologues, car elle permet notamment de récupérer ou de remplacer partiellement, voire quasi totalement certaines fonctions cognitives, sensorielles ou motrices dégradées par des lésions cérébrales. Un espoir pour des milliers de traumatisés crâniens dans le monde.
    À RETENIR
    • La neuropsychologie étudie les liens entre les comportements et le système nerveux. Le système nerveux central comprend le cerveau et la moelle épinière, le système nerveux périphérique est constitué des nerfs et des neurones situés dans le reste du corps et le système nerveux autonome permet aux organes internes comme le cœur et les poumons de fonctionner. Un des grands enjeux de la neuropsychologie est la plasticité cérébrale, qui permet notamment de « récupérer » certaines fonctions perdues après une lésion cérébrale.