Ce courant de la psychologie étudié l’évolution des comportements et de l’esprit humains en les mettant dans une perspective évolutionniste, c’est-à-dire en partant du postulat que la sélection naturelle a privilégié tel ou tel comportement, pour son utilité, pour notre survie et notre adaptation.

LA SÉLECTION NATURELLE

La sélection naturelle est une théorie de Charles Darwin. À la base, le processus de sélection naturelle a été théorisé dans le domaine de la biologie, mais a ensuite été repris pour expliquer certains comportements dans le domaine de la psychologie. Ce processus fait l’objet d’un certain consensus au niveau mondial. La sélection naturelle part du principe que les êtres ayant certaines caractéristiques leur permettant de mieux s’adapter et de survivre se reproduisent plus facilement, ce qui favorise la perpétuation de leurs gènes. On peut supposer que les individus Homo sapiens ayant une meilleure vue, des muscles solides ou encore un système immunitaire efficace ont pu survivre plus longtemps et ainsi se reproduire plus souvent, ce qui leur a permis de transmettre leurs gènes. Ces caractéristiques utiles se sont perpétuées chez leurs descendants, favorisant leur reproduction, etc. Nous serions donc les descendants des Homo sapiens les plus malins et les plus endurants.

PARLER DES POINTS COMMUNS PLUTÔT QUE DES DIFFÉRENCES

La psychologie évolutionniste s’applique d’abord à expliquer les comportements communs à tous tes êtres humains, en se posant la question suivante: « En quoi ce comportement a été utile pour l’homme au point qu’il s’est perpétué jusqu’à maintenant ? » Cela paraît évident pour certains faits. Par exemple, l’intelligence et la capacité d’apprentissage ont été des avantages énormes pour ceux de nos ancêtres qui en étaient pourvus, car cela leur a, encore une fois, permis de survivre et de se reproduire, alors que ceux qui étaient plus « bêtes » que les autres n’avaient pas l’occasion de créer une descendance, à cause de leur mort certainement précoce. De même, les organismes les plus faibles ne survivaient pas non plus, laissant le champ libre aux êtres les plus forts et les mieux adaptés. Enfin, si par exemple la plupart d’entre nous sont phobiques des araignées, on peut supposer que c’est parce que cette caractéristique a permis à nos ancêtres de survivre.

DES COMPORTEMENTS MAL ADAPTÉS À NOTRE ÉPOQUE

La majorité des caractéristiques utiles pour notre adaptation ont été acquises pendant la préhistoire et plus précisément pendant le Paléolithique qui représente en fait plus de 95 % de la période d’existence de notre espèce. L’homme n’aurait que très peu changé d’un point de vue génétique depuis cette époque (qui s’est achevée en 11700 avant J.-C.). Ce postulat a certaines conséquences. Les conditions de vie ont largement changé depuis cette époque lointaine, surtout dans les pays riches. Certaines caractéristiques ont pu être utiles pendant le Paléolithique, mais ne le sont plus du tout maintenant. Un exemple frappant est celui de notre goût inné pour le sucré et le gras. À l’époque, ces aliments étaient rares mais nous permettaient de survivre plus facilement aux famines, raison pour laquelle ils avaient notre préférence. L’inconvénient, c’est qu’à notre époque, les aliments sucrés et gras sont partout, ce qui finit par nous rendre obèses.

PRIVILÉGIER LES COMPORTEMENTS PROSOCIAUX

De manière générale, la sélection naturelle a privilégié la reproduction des humains les plus sociables, les plus coopératifs et les plus prudents. Prudents, parce que les imprudents mouraient en général assez rapidement (pensez à celui qui s’est dit: « Que ce lion est mignon! Je vais le caresser! ») Coopératifs et sociables parce que ces qualités permettaient à leurs détenteurs de s’allier plus facilement pour, premièrement, faire face ensemble aux multiples dangers de la nature et, deuxièmement, acquérir des ressources plus facilement (par la chasse collective par exemple). Mais certains comportements sociaux posent encore question. Par exemple, on peut se demander en quoi la religion pouvait être un avantage social, dans la mesure où le comportement religieux ne permet pas, au premier abord, de courir plus vite ou de voir plus loin. Les psychologues arguent que la religion permettait ainsi une plus grande solidarité sociale, favorisant une plus grande longévité.

LA PERSPECTIVE ÉVOLUTIONNISTE N’EXPLIQUE PAS TOUT!

Certaines choses restent hermétiques à la théorie évolutionniste. Elle montre que les hommes préfèrent en général les partenaires sexuels de sexe opposé (car c’est quand même plus pratique pour la reproduction) et les femmes jeunes et fertiles… et que les femmes préfèrent les hommes riches, fidèles et dominateurs. Comment, alors, expliquer l’homosexualité (qui, apparemment, a toujours existé) ou la volonté de certaines personnes de ne pas avoir d’enfants? Ces questions (ou encore celle des « canons de beauté » actuels, très différents de ceux du Paléolithique) remettent sur le tapis le fameux débat « nature-culture ». Il est évident que l’homme n’est pas conditionné tout entier par les gènes hérités de ses ancêtres, mais que beaucoup de ses comportements sont issus d’un conditionnement culturel, social, familial, qui va parfois à l’encontre de ses possibilités de reproduction.

À RETENIR

La psychologie évolutionniste étudie la façon dont la sélection naturelle a façonné nos comportements. Elle met l’emphase sur nos points communs plus que sur nos différences, ces dernières étant alors plutôt attribuées à des facteurs culturels (qui nous ont permis de nous affranchir en partie de ce processus de sélection naturelle). Ainsi, on peut supposer que les hommes les plus intelligents, réactifs et sociables ont pu se reproduire, car ils survivaient plus longtemps que les autres et que nous constituons leur descendance.