Le courant de la psychologie positive est à l’origine de l’intérêt croissant pour le développement personnel. C’est l’étude scientifique du fonctionnement optimal de l’être humain : son objectif est de découvrir, à travers une démarche scientifique, ce qui peut nous aider à nous « réalise».
POURQUOI VOIR TOUT EN NOIR ?
Vous vous l’êtes peut-être dit en feuilletant certains livres de psychologie: cette discipline étudie surtout nos faiblesses, nos pathologies, nos carences: en fait, tout ce qui peut être dysfonctionnel dans notre psyché. Cela donne l’impression que la psychologie est essentiellement une science qui étudie l’homme malade, névrosé ou inadapté. La psychologie positive étudie tout ce qui peut contribuer à nous rendre plus heureux, épanouis. Sous l’impulsion de Martin Seligman, le père de ce courant, des psychologues du monde entier se sont mis à étudier le bonheur au lieu de la dépression, l’optimisme au lieu du manque de confiance en soi, ou encore les familles heureuses en lieu et place des familles maltraitantes. En d’autres termes, ce courant postule que pour nous permettre d’aller mieux, on peut non seulement soigner les’ maladies et traiter les troubles, mais aussi s’inspirer et étudier des gens heureux pour apprendre à d’autres personnes comment le devenir.
UNE DÉMARCHE SCIENTIFIQUE
Mais pour faire des avancées sur le concept « comment aller mieux? », les psychologues ne peuvent pas tout simplement demander à des personnes pourquoi elles sont heureuses (ce que l’on appelle des autoévaluations). Pour que leurs études soient prises au sérieux, il leur faut des études de cas, des clichés de cerveaux, des outils statistiques, des expériences menées des milliers de fois, des études comparatives sur des jumeaux, etc. La psychologie positive est une science moderne et ne peut s’appuyer uniquement sur des théories philosophiques, aussi valables soient- elles. On s’est mis à étudier des notions inédites comme la notion de bonheur, mais de manière méthodique et structurée: qu’est-ce que le bonheur? Comment peut-on le définir, le stimuler? Quels facteurs l’améliorent, l’amoindrissent? Sommes-nous égaux face au bonheur? Est-il dépendant de notre personnalité? De notre cadre de vie? Ou même de notre intelligence?
DÉFINIR LE BONHEUR
La première difficulté est de définir le bonheur car sa définition change selon les cultures, les personnes, les époques. Pour certains, le bonheur est lié aux notions de plaisir, de jouissance, de liberté. Pour d’autres, c’est le fait de ressentir des émotions et des sentiments positifs comme la joie, la reconnaissance, la gratitude, l’émerveillement. Pour d’autres encore, le bonheur est comme une liste que l’on coche: c’est avoir une famille, un bon travail, un certain confort matériel. Seligman considère que le bonheur, c’est avoir une vie agréable, « bonne », et qui a du sens. Une vie agréable est pleine d’émotions positives, de moments et de relations agréables. Une vie « bonne » signifie une vie dans laquelle nous utilisons nos vertus et nos forces dans des domaines importants afin d’en tirer satisfaction. Une vie qui a du sens est constructive et est reliée à quelque chose de plus grand que soi (comme la transmission aux générations futures, ou la spiritualité).
LES ÉMOTIONS POSITIVES
Les émotions positives ont été peu étudiées jusqu’à l’arrivée de la psychologie positive. Depuis, grâce à la multiplication des publications sur le sujet, on apprend chaque jour de nouvelles choses sur les bienfaits des émotions positives. Elles sont diverses: joie, contentement, émerveillement, amour, amitié, gratitude, intérêt, motivation, etc., et leur fréquence ainsi que leur intensité sont directement corrélées à notre sentiment de bien-être ou de bonheur. D’ailleurs, les personnes dépressives expérimentent l’anhédonie, c’est-à-dire l’impossibilité de ressentir du plaisir ou du bien-être dans une activité, alors que cette activité leur en procurait avant. Pour Barbara Fredrickson, une autre psychologue, les émotions positives permettent même de « construire des ressources personnelles durables ». Cela signifie qu’elles nous aident à faire face aux difficultés en augmentant notre créativité, notre capacité de réflexion, notre intégration sociale, notre résilience.
INÉGAUX FACE AU BONHEUR ?
Des études sur les différentes dimensions de la personnalité et leurs liens avec le bonheur semblent pointer une certaine inégalité des êtres humains concernant le bonheur: certains seraient naturellement doués pour être heureux, alors que d’autres non et ce, quels que soient la situation et [‘environnement. On parle alors d’affectivité positive: ce trait de caractère serait en partie génétique et en partie appris. L’affectivité positive serait corrélée à d’autres traits de caractère: l’extraversion d’une part et, plus surprenant, la religiosité d’autre part. L’extraversion et la sociabilité permettraient, en effet, d’augmenter les affects positifs, qui en retour, nous stimuleraient d’autant plus à être plus extravertis et sociables. Enfin, les personnes religieuses seraient plus heureuses, car elles bénéficieraient notamment d’un bon soutien relationnel (celui des autres croyants) et d’une certaine sérénité quant aux angoisses existentielles comme la peur de la mort.
À RETENIR
La psychologie positive prend le contre-pied des autres courants classiques de la psychologie. Au lieu d’étudier les troubles, les maladies et les symptômes, elle étudie plutôt les vertus, les émotions positives, le bonheur, le sens que l’on donne à nos vies. Elle est l’héritière d’une psychologie humaniste centrée sur l’épanouissement de l’individu. Elle contribue ainsi à augmenter nos connaissances sur « l’individu heureux », afin de pouvoir, éventuellement, améliorer la vie de ceux qui n’ont pas la chance de l’être.