La psychologie sociale a pour champ d’études l’individu en interaction avec autrui. Elle étudie ainsi les pensées, les comportements et les émotions liés aux autres, l’influence d’un groupe ou d’un individu sur un autre individu, ou encore la manière dont on construit nos relations et leur impact.

L’INDIVIDU DANS SON ENVIRONNEMENT

Les psychosociologues étudient l’influence de l’environnement social sur l’individu, ainsi que l’influence de l’individu sur son environnement social. Ils analysent deux facteurs: l’individu d’une part et l’environnement d’autre part et étudient l’interaction entre les deux. Les questions qu’ils se posent ont d’ailleurs des applications très pratiques, que ce soit dans les domaines de la publicité, de l’entreprise, de la justice, de la formation, etc. La psychologie sociale est très souvent confondue avec la sociologie, car les deux disciplines, complémentaires et s’enrichissant mutuellement, étudient l’homme en interaction avec les autres hommes ou avec un groupe. Cependant, la différence principale entre les deux est que la psychologie sociale étudie surtout les mécanismes internes à chaque personne qui font qu’elle va se comporter d’une certaine manière en groupe, alors que la sociologie se focalise surtout sur le fonctionnement et la structure des groupes dans leur ensemble.

LE POUVOIR DE L’ENVIRONNEMENT

Notre comportement est évidemment dû à des désirs, ou des besoins physiologiques et psychologiques universels et individuels, mais il dépend aussi beaucoup de l’environnement dans lequel on évolue (d’où la difficulté de « cerner » avec fiabilité la personnalité de chacun). La plupart d’entre nous sont, par exemple, conscients que les comportements, les réactions ou les façons de s’exprimer changent selon qu’on évolue dans le monde professionnel ou personnel. Cela signifie que les personnes que nous côtoyons, les objectifs que nous essayons d’atteindre, les conditions dans lesquelles on évolue, etc. ont un impact certain sur notre comportement. Cela semble évident quand on le lit, mais au quotidien, nous oublions souvent cette évidence. Par exemple, si un collègue devient votre chef et qu’il vous fait une remarque sur la qualité de votre travail, vous penserez peut-être « il a pris la grosse tête» alors que son comportement n’est que le reflet de sa nouvelle situation.

LA TOUTE-PUISSANCE DU GROUPE SUR L’INDIVIDU

Nous adoptons la plupart de nos comportements parce que le groupe dans lequel nous évoluons adopte ces comportements. Par exemple, une très célèbre expérience, l’expérience d’Asch, prouve cette influence et montre que nous avons une forte tendance à « copier » le comportement des autres, même si ce comportement est en désaccord avec nos opinions ou nos valeurs. Dans cette expérience, la personne observée devait répondre à cette question simple et qui ne posait normalement aucune difficulté: « Quelle ligne parmi les trois dessinées a la même longueur que la ligne de référence?» Le problème, c’est que la personne observée devait répondre après 3 ou 4 autres personnes, qui toutes (au 3e essai), donnaient unanimement la même mauvaise réponse. Les conclusions de cette expérience sont effarantes: dans plus de 35 % des cas, la personne donnait la même réponse (fausse) que les autres, alors que son attitude montrait bien qu’elle n’était pas d’accord avec elles.

L’EXPÉRIENCE DE STANFORD

Cette expérience, commandée à l’origine par l’armée américaine, avait pour but de comprendre la raison des nombreux conflits ayant lieu en prison, afin de pouvoir les prévenir. Le professeur Zimbardo et son équipe recrutèrent des étudiants (en bonne santé mentale et physique) pour une simulation de situation carcérale, dans laquelle ils étaient partagés en 2 groupes: les gardiens et les prisonniers. L’expérience devait durer deux semaines. Les conclusions de cette expérience, si elles restent toujours controversées (notamment d’un point de vue éthique), sont extrêmement dérangeantes (rappelant celles de l’expérience de Milgram sur la soumission librement consentie). 30 % des gardes ont eu des comportements considérés comme sadiques, humiliant les prisonniers ou les privant de sommeil ou de nourriture, alors qu’aucune prédisposition n’avait été détectée dans les tests préliminaires et qu’il y avait peu de chance que 30 % de la population générale soit effectivement sadique.

LES FACTEURS FACILITANT LE CONFORMISME AU GROUPE

Des facteurs autres que le groupe lui-même peuvent influencer notre comportement social et nous amener à nous montrer « conformes » :

  • L’incertitude liée à la situation. Par exemple, si votre nouveau partenaire vous présente à sa famille, l’incertitude et le stress vous amèneront à adopter le même comportement que le groupe. Même chose pour un nouvel embauché ou pour toute personne s’intégrant dans un groupe;
  • la cohésion du groupe. Plus un groupe paraît unanime et plus il est difficile de se montrer différent. Ainsi, dans l’expérience d’Asch, si une personne répondait autrement que les complices d’Asch, le sujet observé avait bien plus de chances de donner la bonne réponse;
  • le besoin d’affiliation (besoin de se sentir aimé) et une mauvaise estime de soi de l’individu sont également corrélés à un conformisme important;
  • la modalité de réponse, selon que l’individu donne une réponse privée ou publique. Quand on doit se prononcer publiquement, le conformisme a tendance à augmenter.

À RETENIR

La psychologie sociale s’intéresse aux hommes en interaction avec les autres hommes et leur environnement. Cette discipline a beaucoup d’applications pratiques, dans les domaines du marketing ou de l’entreprise. Beaucoup d’expériences très célèbres (et éthiquement discutables) sont issues de ce courant, comme celle de Stanley Milgram, celle du professeur Zimbardo ou encore celle du docteur Asch. Toutes tendent à montrer l’influence indiscutable du groupe ou de la situation sur le comportement, les pensées et les émotions de l’individu.