Les thérapies cognitives se basent sur le postulat suivant : nos émotions négatives (tristesse, anxiété, colère…) prennent leur origine non pas dans les événements de nos vies, mais dans la vision que l’on a de ces événements.
Pour changer ses émotions, il faut changer sa vision des choses.

LES DISTORSIONS COGNITIVES

Une distorsion cognitive est une représentation biaisée irrationnelle du monde. Nous sommes tous sujets aux distorsions, mais certaines d’entre elles sont plus graves que d’autres, car elles nous présentent le monde de manière négative et conditionnent du coup nos comportements et nos humeurs négativement. Par exemple, une personne paranoïaque pense que les autres lui veulent du mal, qu’elle se fait manipuler et qu’elle doit s’en méfier. Du coup, elle se retrouve isolée et peut faire preuve d’agressivité. Un autre exemple est celui des distorsions cognitives de la personne dépressive. Ces distorsions touchent trois domaines particuliers: la vision de soi, la vision de l’environnement et des autres et la vision du futur. La personne dépressive peut ainsi penser qu’elle est malheureuse ou indigne d’être aimée (vision de soi), que ses proches ne la comprennent pas ou qu’ils sont égoïstes (vision de l’environnement) et, enfin, qu’elle ne sera jamais heureuse (vision du futur).
LES PENSÉES AUTOMATIQUES NÉGATIVES
Le but du thérapeute est ici de faire évoluer la vision que le patient a de lui-même, du monde ou de son avenir. Pour cela, il doit faire en sorte que le patient devienne « métacognitif », c’est-à-dire qu’il réfléchisse à sa façon de penser (un dépressif perd un peu cette faculté). Ainsi, le travail du patient est de réfléchir aux situations qui le mettent en difficulté et d’analyser avec l’aide du thérapeute les différentes pensées qu’il a pu avoir. Ces pensées se manifestent de manière automatique et sont issues de nos croyances personnelles qui sont à l’origine de nos valeurs et de notre identité. Elles sont souvent illogiques si on les analyse de manière rationnelle: elles dramatisent les conséquences d’un acte («je vais passer pour une idiote si je dis ça devant mes chefs »), surgénéralisent un fait pour en faire une règle (« elle m’a quitté, ma vie est finie») ou lisent dans l’esprit d’autrui, mais seulement le négatif (« il m’a regardé de travers, il doit me détester »).
MODIFIER CES PENSÉES AUTOMATIQUES NÉGATIVES AVEC LES FICHES
D’AUTOÉVALUATION DE BECK

Ces fiches prévoient 5 colonnes:

  • La lre colonne concerne la situation problématique qui provoque des émotions négatives: on y inscrit seulement les faits qui se sont déroulés;
  • La 2e colonne concerne l’émotion qui a émergé dans la situation. Le patient doit en décrire l’intensité et la « composition » : était-ce de la colère, de la frustration, de la tristesse, de l’anxiété? Ou tout à la fois?
  • On inscrit dans la 3e la pensée automatique qui a déclenché l’émotion et le niveau de croyance dans cette pensée;
  • On écrit dans la 4e la pensée rationnelle qui répond à la pensée automatique et le niveau de croyance dans cette pensée: par exemple, à la pensée automatique « je vais passer pour une idiote si je dis ça devant mes chefs », on peut répondre « l’erreur est humaine » ou « je peux toujours réexpliquer s’ils ont mal compris » ;
  • Enfin, la 5e colonne sert à réévaluer ses émotions après les avoir analysées de façon rationnelle.
    MODIFIER SON « STYLE EXPLICATIF »
    Surmonter un échec n’est facile pour personne. Encore moins quand on souffre d’un style explicatif négatif: cela signifie que l’on prend totalement la responsabilité de l’échec et qu’on lui donne des caractéristiques et des causes stables, générales et internes. Une personne qui se sépare de son conjoint peut, à cause de son « style explicatif », penser que tout est de sa faute, qu’elle ne s’en remettra jamais et qu’elle ne trouvera jamais personne d’autre, alors qu’un individu avec un style explicatif positif se dira que c’est une période difficile mais que tout va s’arranger, qu’il a heureusement d’autres sources de joie et que la responsabilité est partagée. Le même phénomène a lieu pour les personnes dépressives qui réussissent quelque chose: au lieu de s’en réjouir, de s’en sentir responsables et de capitaliser sur ce succès, elles se disent plutôt qu’elles ont eu de la chance, que l’autre s’apercevra vite qu’elles ne valent rien, qu’il a dû se tromper.
    YA-T-IL DES CROYANCES PRÉDISPOSANT À LA DEPRESSION ?
    Certaines croyances peuvent représenter des voies royales vers la dépression. Le fait d’être très dépendant de l’approbation d’autrui ou de l’amour des autres peut amener à la dépression. Cela se caractérise par des croyances du type « je ne peux être heureux que si je suis en couple » ou encore « je dois tout faire pour que les gens m’aiment, même à mes dépens ». Elles vous enlèvent la possibilité d’être heureux seul. Le perfectionnisme à outrance peut aussi être un facteur de dépression : le perfectionniste ne se sent aimable et valable que s’il fait les choses parfaitement. Il ne se donne aucun droit à l’erreur. Un sens de la justice très aigu peut aussi être un facteur: cela signifie que vous considérez que bien se conduire amène forcément les autres à bien se comporter avec vous. Du coup, quand ce n’est pas le cas, vous vous mettez en colère, ou vous déprimez, au lieu de vous dire que l’autre réagit différemment de ce que vous espériez, mais que vous allez lui en parler.
    À RETENIR
    • Les thérapies cognitives partent du principe que ce sont les pensées que l’on a qui provoquent les sentiments négatifs et que modifier ces pensées permet de soigner certains troubles (anxiété, TOC, dépression, manque de confiance en soi. . .). Ces pensées négatives sont irrationnelles, généralisantes et empêchent d’avoir un comportement approprié. Les réévaluer est nécessaire. Une autre forme de thérapie cognitive amène les patients à s’attribuer leurs succès, à voir leurs échecs de manière plus nuancée et à ne pas s’autoculpabiliser.