Les thérapeutes comportementalistes considèrent que nos comportements inadaptés sont des apprentissages, c’est-à-dire des éléments appris par conditionnement. Le but de ces thérapeutes est donc d’utiliser les mêmes processus d’apprentissage pour éliminer les comportements non souhaités
UN FOSSÉ IDÉOLOGIQUE
Les psychanalystes et les humanistes partent du principe que la santé mentale s’améliore quand on prend conscience de ses problèmes d’adaptation ou de ses conflits inconscients, quand on s’écoute plus ou encore quand on s’accepte mieux. Le but de ces thérapeutes est souvent de mettre à jour la cause des troubles en espérant que le « savoir » provoquera la guérison. D’autres poussent les personnes à mieux s’accepter, à améliorer leur estime de soi. Les comportementalistes ont une vision très différente de l’homme, de ses comportements et des traitements qui permettent d’améliorer sa santé mentale. Pour eux, le problème n’est pas dans la cause du comportement, c’est le comportement lui-même. Par exemple, vous pouvez très bien apprendre la raison de votre anxiété ou de votre état dépressif sans forcément devenir moins anxieux. Ils considèrent ainsi la phobie ou tout autre trouble comme un comportement appris, qu’il faut remplacer par un comportement plus adapté.
LA THÉRAPIE D’EXPOSITION
La thérapie d’exposition est très utilisée et souvent efficace contre l’anxiété et les phobies. Son principe repose sur le conditionnement pavlovien et le déconditionnement. Le déconditionnement est le fait d’associer un stimulus déclenchant normalement l’émotion négative (peur, colère…) à une nouvelle réponse, incompatible avec la peur. L’exemple le plus simple est celui de la peur de l’avion, ou de la peur de parler en public. Dans cette thérapie, on agit progressivement pour habituer le patient à faire face à un stimulus qu’il juge dangereux. Ainsi, dans un premier temps, le thérapeute amène le patient à se détendre profondément, avec une séance de relaxation. Le patient détendu est amené à imaginer une situation modérément anxiogène. Petit à petit, la scène imaginée ne provoque plus d’angoisse et le patient peut ainsi passer à une vision plus anxiogène, ou même à des exercices et des simulations pratiques, ce qui permet de le désensibiliser progressivement.
LE CONDITIONNEMENT AVERSIF
Le conditionnement aversif est l’exact contraire de la thérapie d’exposition : le thérapeute cherche ici à remplacer une réponse positive par une réponse négative face à un stimulus négatif ou dangereux. On associe le comportement inadapté (souvent une addiction) à des sensations déplaisantes. Au quotidien, on peut choisir cette « thérapie » quand on se ronge les ongles par exemple: le fait de mettre du vernis très amer peut aider à, premièrement, se rendre compte que l’on se ronge les ongles (ce sont parfois des actions semi-conscientes face à une situation de stress) et, deuxièmement, se « conditionner » à ne plus se ronger les ongles à cause du goût amer. Dans le cas de l’alcoolisme, le conditionnement aversif consiste par exemple à mettre un produit provoquant de fortes nausées dans un verre d’alcool, ce qui permettra à la personne alcoolique d’associer l’alcool et les nausées au bout de plusieurs séances.
LA MÉTHODE ABA
Les thérapies comportementales peuvent être appliquées à des cas plus « lourds », comme ceux des autistes. La méthode ABA (Applied Behavior Analysis) a ainsi permis à beaucoup d’enfants autistes de développer un comportement adapté et de pouvoir suivre une scolarité normale. Dans cette thérapie, souvent intensive, les mots-clés sont « renforcement positif » : cela signifie que l’on va d’abord analyser ce que l’enfant sait faire, ce qu’on souhaite lui apprendre à faire, ce qu’il apprécie, etc. Cela permettra de personnaliser le programme à chaque enfant et de proposer ainsi une gamme de « récompenses » qui feront vraiment plaisir à l’enfant. Les apprentissages portent sur des comportements sociaux ou des choses du quotidien (se laver les mains, les dents, etc.). L’enfant apprend ainsi à répondre à une demande: toute réponse adaptée est alors suivie d’un renforçateur (bonbon, jouet, félicitations, câlins…). Cet apprentissage progressif est ensuite étendu à d’autres situations.
LES LIMITES DES MÉTHODES COMPORTEMENTALES
Les méthodes comportementales s’appuient sur la théorie que l’homme apprend des comportements en fonction des récompenses ou des punitions que ces actions provoquent. Ces motivations sont extrinsèques: cela signifie que le levier de motivation est extérieur à soi, contrairement à la motivation intrinsèque, où le levier est interne. Dans le monde du travail, par exemple, sont considérées comme leviers de motivation extrinsèques les primes sur intéressement, alors que la satisfaction du travail bien fait et le plaisir de faire une tâche que l’on aime relèvent de la motivation intrinsèque. Dans les faits, toutes les études montrent que les primes ne garantissent pas la motivation à long terme, alors que le plaisir de travailler, si… Tout l’enjeu des méthodes comportementales est de rendre intrinsèque une motivation extrinsèque, c’est-à-dire de rendre le renforcement positif inutile afin que la personne fasse ce qu’on attend d’elle d’elle-même.
À RETENIR
Les thérapies comportementales s’appuient sur les principes de conditionnement ou de déconditionnement pour traiter les phobies, l’anxiété, voire l’alcoolisme (avec moins de succès cependant). Elles sont aujourd’hui très utilisées pour permettre à des enfants autistes d’acquérir des compétences sociales, d’apprendre des gestes simples de la vie quotidienne ou de communiquer avec autrui. Elles sont cependant critiquées notamment pour leur manque d’efficacité à long terme, même si elles ont pu soulager des milliers de familles.
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