La thérapie psychanalytique n’est pas définie comme une thérapie (d’ailleurs, on parle de cure psychanalytique et non de thérapie), dans la mesure où ce n’est pas stricto sensu un traitement thérapeutique, mais un outil de découverte de soi qui peut avoir des effets positifs sur les souffrances.

UNE PRATIQUE QUI A ÉNORMÉMENT CHANGÉ

Quand on entend le mot psychanalyse, on imagine un patient couché sur un divan, qui raconte ses rêves, tandis que le psychanalyste opine en en disant le moins possible. On imagine aussi qu’une psychanalyse est forcément longue et peut même durer toute une vie, engendrant un coût énorme pour le patient. . . Tout ce folklore autour de la psychanalyse est de plus en plus dépassé. En effet, les psychanalystes ont un peu «modernisé» leur pratique, en la rendant plus interactive et plus courte, car notre époque aime l’instantanéité et l’efficacité: plus personne ou presque ne se voit faire une analyse pendant des années sans qu’il y ait de résultats probants. Ainsi, pour gagner en efficacité et en polyvalence (et en clientèle?), de nombreux psychanalystes ont intégré des éléments d’autres courants (gestalt, humaniste, cognitif…) dans leur pratique et se concentrent sur un objectif « simple » plutôt que sur une découverte « exhaustive » du soi.

LES CONDITIONS DE LA PSYCHANALYSE

Une psychanalyse prend un certain temps, choisi par le patient (qu’on appelle l’analysant, à ne pas confondre avec l’analyste) : parfois quelques séances, souvent plusieurs mois, rarement plusieurs années. Les analystes freudiens pratiquent des séances à durée fixe, de 40 à 50 minutes environ, une ou deux fois par semaine, alors que les lacaniens pratiquent plutôt des séances à durée variable. Toute analyse se paie, même si certains centres proposent des séances gratuites avec un psychanalyste, pour entamer un travail que le patient choisira de poursuivre ou non. Le prix varie de 20 à 100 € environ et toute séance manquée doit quand même être payée, quel que soit le motif justifiant l’absence, même si sur ce point, les psychanalystes sont maintenant plus souples et acceptent de décaler les séances. Le patient doit s’investir réellement et faire un effort financier concernant sa psychanalyse, car on considère que son investissement augmente l’efficacité de la psychanalyse.

PSYCHANALYSE : POUR QUI ET POUR QUOI ?

Tout le monde ne peut pas envisager de psychanalyse. Pour cela, il faut que le patient remplisse trois conditions:
1) Il doit vouloir et pouvoir faire une psychanalyse. C’est une démarche volontaire qui non seulement engendre un coût financier, mais qui demande aussi beaucoup d’énergie et de temps;
2) Il doit donner de l’importance aux mots. Les mots ont une importance capitale en psychanalyse puisque c’est le canal de communication privilégié. Il doit être capable de parler de manière intelligible et cohérente;
3) Il doit avoir le goût de l’introspection, ne doit pas avoir trop peur de parler de lui-même et doit s’impliquer fortement dans le travail psychanalytique. Le plus généralement, les patients se tournent vers la psychanalyse quand iis vivent des situations difficiles de façon répétée, continue ou diffuse: échecs amoureux successifs, dépression, anxiété, mal-être, sentiment d’infériorité, etc. Seuls les psychotiques ne peuvent être traités en psychanalyse.

QUELLES SONT LES RÈGLES SUIVIES PARLE PSYCHANALYSTE?

La première règle de la psychanalyse est celle de l’association libre: l’analysant est ainsi invité à parler en essayant de se censurer le moins possible. D’ailleurs, tout ce qui entrave l’association libre est vu comme une résistance, c’est-à-dire une force qui empêche une cognition chargée d’anxiété de remonter à la surface. Pour repérer les éléments significatifs du discours de l’analysant, l’analyste doit faire preuve d’une « attention flottante » : il doit éviter le plus possible de se concentrer sur un point en particulier. En outre, le psychanalyste doit respecter le principe de neutralité et de bienveillance: il ne peut « prendre parti » et doit également s’astreindre à une certaine humilité, gage de non- jugement. Enfin, la dernière règle que le psychanalyste doit suivre est de continuer lui-même à se former, à étudier les textes fondateurs de la psychanalyse. Il doit également continuer à suivre une psychanalyse ou faire contrôler sa pratique par un autre analyste.

PEUT-ON S’ANALYSER TOUT SEUL ?

On ne peut pas s’analyser tout seul et les psychanalystes sont absolument formels sur ce point. En effet, l’important dans l’analyse est d’abord d’énoncer les mots qui nous viennent à l’esprit à quelqu’un d’autre. On ne peut à la fois parler sans se censurer et réfléchir à ce que l’on vient de dire pour voir si ce sont des termes significatifs. De plus, la psychanalyse repose sur la notion de transfert qui caractérise la relation entre analysant et analyste. Le transfert désigne le processus qui pousse le patient à transférer sur l’analyste les sentiments qu’il a pu avoir envers d’autres personnes (par exemple, le sentiment d’amour, de colère ou de dépendance que l’analysant a pu ressentir pour ses parents ou pour une autre personne importante). Le transfert révélerait ainsi les sentiments longtemps refoulés et leur apparition dans le cadre psychanalytique permettrait d’en prendre conscience et de les « régler», transformant la relation thérapeutique en outil de changement.

À RETENIR

La cure psychanalytique n’est pas considérée comme une thérapie ayant pour seul but de soigner un mal: elle est plutôt considérée comme un outil de découverte de soi. Le prix, la fréquence et la durée des séances varient, mais une psychanalyse peut être moins longue qu’on ne le pense. Elle peut être utilisée pour soigner des névroses, des dépressions, de l’anxiété, ou pour comprendre et résoudre des problèmes répétés (comme des échecs amoureux). Elle repose enfin sur la notion de transfert, qui est la relation entre analyste et analysant.