Un placebo est à l’origine un traitement médicamenteux n’ayant aucune efficacité pharmacologique, mais qui a cependant un effet positif sur le malade parce que ce dernier pense prendre un traitement actif (il peut même, dans certains cas, fonctionner quand le malade est au courant de la « ruse »).

UNE EFFICACITÉ SURPRENANTE…

L’effet placebo est le fait d’aller mieux en prenant un « faux » médicament, ou une substance n’ayant normalement aucun effet physiologique sur la pathologie traitée. Actuellement, on trouve même des psychothérapies placebos, voire de la chirurgie placebo. Dans ce dernier cas, on effectue par exemple une incision à l’endroit où le patient doit normalement être opéré, afin de la refermer et de laisser une cicatrice. Ainsi, au réveil, le patient pense avoir été opéré, et cela fonctionne. L’effet placebo a une efficacité telle que la majorité des tests pharmaceutiques ont maintenant lieu en « double aveugle ». Cela signifie que ni les « cobayes » ni même les chercheurs ne savent qui reçoit le vrai médicament et qui reçoit le placebo, afin d’éviter toute interférence ou toute influence, même inconsciente. Le médicament, pour être considéré comme efficace, doit ainsi avoir des effets plus importants que le placebo, ce qui n’est pas toujours le cas.
DES RÉSULTATS TROUBLANTS
Les placebos fonctionnent en moyenne sur 30 % des patients: cela signifie que presque 1 personne sur 3 réagit positivement à un placebo. Dans certains traitements, notamment liés à des douleurs variées, le placebo a une efficacité encore plus importante, allant parfois jusqu’à 90 % de réponses positives ! De même, on a observé que le temps de latence (le temps que prend un médicament pour faire effet) est plus court pour un placebo et que le pic d’efficacité maximale arrive également plus vite. Dans la vie quotidienne, on peut expérimenter ce phénomène chaque jour. Par exemple, le fait de boire un café a souvent un effet assez immédiat sur notre niveau de vigilance: on se sent tout de suite plus réveillé, alors que la caféine n’a pas, normalement, un effet aussi rapide sur notre organisme. De même, ne vous êtes-vous pas déjà senti mieux du fait d’aller voir un médecin avant même qu’il vous prescrive le moindre traitement? C’est l’effet placebo du docteur!
LES CAUSES DE L’EFFET PLACEBO
Les recherches sur l’effet placebo ont longtemps été timides, car elles nécessitaient des compétences interdisciplinaires (pharmacologie, biologie, neurosciences, psychologie, sciences sociales…). Cependant, il est certain qu’un placebo a un impact sur la psychologie du patient, entraînant à son tour une modification physiologique puisque le placebo ne contient aucune substance active expliquant le soulagement voire la guérison d’un patient. À l’heure actuelle, pour expliquer l’effet placebo, les chercheurs ont
plusieurs explications se combinant. Pour l’aspect biologique, les endorphines (des analgésiques et des antidépresseurs naturellement produits par le corps) et la dopamine seraient les principaux acteurs de l’effet placebo, ce qui explique d’ailleurs leur efficacité sur la douleur et la dépression. Pour l’aspect psychologique, on évoque le conditionnement pavlovien, l’autosuggestion, ainsi que la théorie de la dissonance cognitive pour expliquer l’efficacité du placebo.
L’ASPECT PSYCHOLOGIQUE DES PLACEBOS
Selon l’hypothèse du conditionnement pavlovien, notre cerveau associerait le fait de prendre un médicament et le fait de guérir: il conditionnerait ainsi le corps à guérir en cas de traitement. Ainsi, si l’on remplace le traitement actif par un placebo, le corps continue à associer les notions « traitement » et « guérison ». La deuxième explication est celle de l’autosuggestion. Cette théorie est liée aux attentes positives du patient. Ce dernier, s’attendant et souhaitant un effet positif du traitement, ordonnerait inconsciemment au corps d’aller mieux. Ce serait, d’une certaine façon, la preuve que la méthode Coué est efficace. Enfin, la théorie de la dissonance cognitive pourrait également s’appliquer à l’effet placebo. Des études montrent que plus un traitement est coûteux ou douloureux, plus le placebo est efficace, tout simplement parce que le patient ne pourrait « supporter » que le traitement ne fonctionne pas, alors qu’il lui demande un investissement énorme !
MÉDECINES ALTERNATIVES ET PLACEBO
Dernièrement, des questions se sont posées quant à l’efficacité de certains « traitements ». Dans le cas de l’homéopathie, par exemple, les doses censées être actives sont tellement diluées que la médecine classique les considère comme inefficaces d’un point de vue pharmacologique. Les médecines alternatives, comme l’acupuncture, par exemple, pourraient aussi être qualifiées de « médecines placebos », car il est certain que les personnes y faisant appel et qui sont réellement soulagées par les traitements « croient » en général en leur efficacité (comme c’est généralement le cas dans la médecine occidentale d’ailleurs). De plus, les disciplines comme le reiki ou la réflexologie sont plutôt holistiques, abordant l’être humain dans sa globalité corps/esprit, favorisant ainsi l’effet placebo par une approche quasi psychothérapeutique. Enfin, ces séances étant rarement remboursées, leur coût reste en général important: la théorie de la dissonance cognitive pourrait expliquer leur efficacité.
À RETENIR
• Un placebo est un traitement médicamenteux ne contenant que des substances neutres, n’ayant donc normalement aucun effet sur les pathologies traitées. Cependant, ces placebos ont généralement un effet dans 30 % des cas, notamment sur des douleurs, angoisses ou dépressions. Les causes de l’effet placebo seraient multifactorielles: le conditionnement pavlovien, la dissonance cognitive et l’autosuggestion en constitueraient l’aspect psychologique; la dopamine et les endorphines que nous produisons naturellement, les causes biologiques.