Peut-on réellement se maîtriser?

Nous aimerions tous savoir nous maîtriser à tout moment : ne pas dire ce qui nous brûle la langue, ne pas manger cette tablette de chocolat quand on fait un régime, faire ce qui nous embête avant ce qui nous plaît, réellement arrêter de fumer… Mais comment peut-on faire pour résister à ses envies ?

LE TEST DU MARSHMALLOW

Savoir maîtriser ses pulsions, ses envies, ses désirs, son agressivité, ses émotions est une qualité enviée et un objectif pour beaucoup d’entre nous. Mais d’où vient cette volonté ? Et pourquoi certains individus, pourtant gros fumeurs, arrivent à arrêter de fumer du jour au lendemain, alors que d’autres multiplient les tentatives sans succès? L’une des réponses à cette question serait, selon la psychologie moderne, la capacité à différer une gratification (autrement dit résister à la tentation). Une expérience célèbre, dite l’expérience du marshmallow, illustre bien cette notion. On proposait alors à des enfants de faire un choix difficile: ils avaient le choix entre avoir un bonbon tout de suite ou attendre quelques minutes pour en avoir deux. Les conclusions de cette expérience sont frappantes. Les enfants furent suivis sur plusieurs années et il s’avère que ceux qui résistaient le plus longtemps étaient aussi ceux qui réussissaient le mieux leur vie.
LE MEILLEUR MOYEN DE S’ADAPTER
Le contrôle de soi, la volonté et la capacité de résistance sont positivement corrélés à la réussite sociale et affective. Les personnes sachant faire preuve de volonté sont plus épanouies et appréciées, ont de meilleures relations avec autrui et sont même en meilleure santé. En effet, elles sont capables de se faire violence pour changer leurs comportements quand elles prennent conscience qu’ils ne sont pas adaptés. Historiquement, si l’on remonte très loin dans le temps, on s’aperçoit que savoir contrôler nos pulsions a même été l’une des clés de notre adaptation et de notre expansion. Cette capacité nous a ainsi permis de maîtriser, entre autres, notre agressivité ou nos pulsions sexuelles afin de pouvoir coopérer avec autrui, condition essentielle à notre survie. Cependant, se maîtriser est difficile et demande de l’énergie et nous ne sommes pas tous capables de résister à la frustration de la même manière ni dans les mêmes domaines.
L’ÉPUISEMENT DE L’EGO
Il faut considérer que la volonté, ou l’ego comme disent les freudiens, est une sorte de muscle que l’on peut travailler pour qu’il devienne plus fort, mais qui peut aussi se fatiguer, voire s’atrophier si on ne l’exerce pas suffisamment. Plusieurs études montrent que cette volonté, cette résistance à la frustration, est plus faible en fin de journée, quand nous avons moins d’énergie disponible ou après avoir fait beaucoup d’efforts. Par exemple, si on vous demande dans un premier temps de résister à des gâteaux posés juste devant vous, vous aurez
ensuite moins envie de résoudre un problème complexe, ou de prendre une décision difficile: la volonté s’épuise quand on l’utilise, tout comme un muscle est fatigué par l’effort. Comme un muscle, notre volonté peut d’ailleurs réapparaître après avoir mangé du sucre, ce qui explique pourquoi il ne faut jamais faire des courses en ayant faim. Le cas échéant vous aurez plus de chances de craquer pour des produits sucrés ou inutiles.
AVOIR CONFIANCE
Avoir de la volonté demande d’être optimiste, d’avoir confiance en soi, mais aussi de pouvoir avoir confiance en l’autre. Elle demande de croire que si l’on fait ce qu’il faut, l’avenir sera plus radieux et les autres tiendront leurs engagements. Pour revenir sur l’expérience du marshmallow, le psychologue devait dans un premier temps, créer un lien de confiance avec les enfants, pour que ceux-ci soient sûrs qu’ils auraient le bonbon après avoir attendu. D’ailleurs, on retrouve ce phénomène chez certaines personnes qui, pour telle ou telle raison, n’ont jamais vu leurs parents s’engager durablement ou tenir une promesse, ou encore différer un plaisir et faire des efforts à long terme pour obtenir un résultat. Ces personnes deviennent souvent impulsives par la suite, notamment parce qu’elles se disent: «Je ne sais pas de quoi demain sera fait, je ne sais pas si l’autre tiendra sa parole, donc je préfère privilégier le présent plutôt qu’un hypothétique futur. »
COMMENT TENIR NOS BONNES RÉSOLUTIONS?
Le nouvel an et ses bonnes résolutions qui partent en fumée dès le 2 janvier… Si vous aussi vous connaissez cela, voici quelques conseils pour mieux les tenir:
1) Mettez en place un plan concret et précis, ne restez pas vague: par exemple, au lieu de dire «je vais manger plus sainement », dites-vous plutôt «j’arrête de manger de la charcuterie et de boire du soda ». Plus les résolutions sont précises, plus elles sont faciles à respecter;
2) Dites-vous que vous faites un essai temporaire: par exemple, en vous engageant à ne pas manger de la charcuterie ni boire du soda pendant un mois. En général, au bout d’un mois, la nouvelle habitude est déjà plus ancrée et solide et on a déjà vu quelques résultats encourageants;
3) Rappelez-vous régulièrement les conséquences à long terme pour contrer les sirènes du plaisir à court terme. Si l’on arrête de fumer, c’est qu’on n’a pas envie de finir sur un lit d’hôpital à agoniser de façon pénible suite à un cancer des poumons…
ÀRETENIR
• Savoir faire preuve de volonté est un atout indéniable, car cela consiste à différer un plaisir immédiat dans l’espoir d’obtenir plus et mieux à long terme (comme le fait d’étudier au lieu de faire la fête). Cependant, la volonté peut s’épuiser, s’atrophier, mais aussi devenir plus forte avec de l’entraînement! Pour pouvoir résister à la tentation du « laisser-aller », il faut cependant avoir confiance en l’avenir, mettre en place des plans concrets et visualiser les avantages et les inconvénients à long terme de son attitude.

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