L’essor des sciences, aussi ralenti fut-il par la pression ecclésiastique, connut tout de même une accélération entre les temps médiévaux et l’ère contemporaine. Du calife Al-Mamun au célèbre Copernic en passant par Galilée, la conception du monde allait s’en trouver définitivement chamboulée, n’en déplaise aux traditions religieuses alors en vigueur !
Dès le 8e siècle de notre ère, le moine lettré Bède, dit « le Vénérable » et que l’on surnomma par la suite « Le père de l’histoire anglaise », transmit à l’Occident (à la suite d’Isidore de Séville) les arts dits « libéraux » qui comptaient, en plus de l’astrologie, la grammaire, la dialectique, la rhétorique, l’arithmétique, la musique, la géométrie, mais aussi la médecine et la philosophie. Bède fut aussi le créateur du très important « Comput ecclésiastique », indispensable au calcul des éléments calendaires utilisés dans l’Église romaine. L’astronomie comptait ainsi dès cette date parmi l’une des sciences du « pouvoir des nombres » constituant le quadrivium. Quant aux premiers calculs du rayon de la Terre, ils virent le jour à Bagdad au début du 9e siècle apr. J.-C., grâce aux campagnes de mesures ordonnées par le calife Al-Mamun, confirmant par la même occasion la sphéricité de la Terre. Une transition avec l’avènement du Moyen Âge central, qui assurait de tenir toutes ses promesses et qui n’allait en effet pas décevoir par la richesse des travaux entrepris. Ce fut au 10e siècle, par l’intermédiaire de Gerbert d’ Aurillac, scientifique et grand mathématicien, que furent répandus en Occident la pensée philosophique d’Aristote ainsi que plusieurs concepts mathématiques directement rapportés
«AVEC L’HÉLIOCENTRISME, LE BOULEVERSEMENT ENGENDRÉSUR LA CONCEPTION SA PLACE DANS L’UNIVERS ÉTAIT ALORS SI GRAND QUE L’ÉGLISE DÉNONÇA UNE HÉRÉSIE…»
de son séjour en Catalogne. On suppose alors qu’il apprît directement auprès de mathématiciens musulmans ayant suivi l’enseignement du célèbre Al- Khwarizmi, tout en défendant une théorie cosmologique issue du géocentrisme aristotélicien et du système Ptoléméen. Si de légères inexactitudes avaient été constatées, le modèle scientifique alors adopté semblait satisfaisant, Ptolémée ayant même ajouté des épicycles pour expliquer le mouvement rétrograde de certaines planètes. Ce ne fut ainsi qu’au 16° siècle (plus précisément en 1543) avec Copernic, que l’idée que la Terre tournait autour du Soleil et non l’inverse fut émise et exprimée, ce qui valut par ailleurs au savant polonais de périr brûlé vif en 1600 après avoir été arrêté par l’inquisition et refusé d’abjurer. L’héliocentrisme, déjà pressenti par le grec Aristarque de Samos au 3e siècle avant notre ère, mit ainsi et tout de même plus de dix-sept siècles avant de refaire surface ! La simple mais juste intuition d’ Aristarque de Samos, décriée par Archimède dans sa préface du traité L’Arénaire, avait en effet été rejetée
par ses pairs, considérant que celle-ci mettait à mal la physique d’Aristote ! Inutile de rappeler que cette dernière ne tarda pourtant pas à se voir à nouveau remise en question. . . Le bouleversement engendré sur la conception de l’humanité et sa place dans l’Univers était alors si grand que l’Église s’était inscrite en faux pour dénoncer une hérésie. Ce fut un autre événement qui allait confirmer et réaffirmer l’idée de la multiplicité de centres dans l’Univers : l’invention de la lunette astronomique par Galileo Galilei, mieux connu sous le nom de Galilée. Armé de ce nouvel instrument astronomique, le scientifique allait mettre en évidence l’héliocentrisme, mais devra lui aussi répondre de ses assertions devant l’Église. En acceptant d’abjurer devant le tribunal de l’inquisition le 22 juin 1633 pour ne pas être à son tour condamné au bûcher par l’Église, il sera finalement assigné à résidence à Sienne, puis emprisonné dans sa villa d’Arcetri à Florence sans droit de visite de quiconque d’abord, avant d’obtenir finalement le droit d’avoir quelques entrevues qui lui permettront notamment de faire passer ses ouvrages
écrits à la frontière française, et qui seront notamment publiés à Paris et Strasbourg. Il n’en restait pas moins que la poursuite de ses travaux, couplée à l’énonciation des lois de Kepler, allait définitivement reléguer la pensée aristotélicienne au statut de relique philosophique désavouée par l’observation. Le premier scientifique à prouver scientifiquement la rotation de la Terre autour du Soleil fut l’astronome britannique James Bradley en l’an 1728, par une théorie connue comme « l’aberration de la lumière ». Devant la preuve optique qu’il apporte alors, l’Église, sous l’impulsion du pape Benoît XIV, finira par autoriser par un décret de la Congrégation de l’index les ouvrages sur l’héliocentrisme dans le courant du 1 8e siècle.