Les premiers modèles cosmologiques connus ayant existé (hormis en Égypte) développaient une conception plate de la Terre. Pour le célèbre Thalès de Milet, l’un des sept sages de la Grèce Antique, notre planète était une terre flottant sur une masse liquide, concept qui donna son nom au théorème du même nom…

Déjà lors de la période prédynastique, les Égyptiens avaient remarqué que

le lever héliaque de l’étoile Sirius coincidait avec le début de la crue du Nil, que l’on pouvait observer à Thèbes entre le 20 et le 25 juin chaque année. En réalité avec la précession des équinoxes, le lever héliaque a aujourd’hui lieu au mois d’août, tandis que la crue du Nil a toujours lieu vers le 25 juin, marquant une rupture entre les deux événements cosmologiques. Les Egyptiens, plusieurs millénaires avant notre ère, vouaient une importance à l’eau primordiale, un océan originel qu’ils appelaient « noun ». Ce nom fut également donné à la 14e lettre de l’alphabet hébraïque, qui se répandit vers le second millénaire avant notre ère, et dont le sens premier signifie << accroissement ». Étant donné les influences du phénicien et du protoca nanéen sur la langue hébraïque (et les origines probables du phénicien comme une simplification des hiéroglyphes égyptiens), il y a fort à parier que la traversée du « noun > par delà les siècles soit en lien direct avec une cosmogonie ancestrale. Au 3e siècle av. J.-C., le tout premier modèle cosmologique du grec Anaximandre jetait les fondements de la conception de l’Univers, mot dont le premier usage sera par ailleurs fait à cette occasion. Tandis que la science se développait dans la Grèce antique, un grand bouleversement allait bientôt changer la vision que l’humanité avait de l’Univers en général… et de la Terre en particulier. En effet, les conquêtes grecques sur l’empire d’Egypte permirent aux astronomes grecs de constater que l’étoile Canopus- de la constellation de la Carène – n’était pas visible depuis Athènes, mais l’était en revanche depuis Alexandrie. Ceci ne pouvait s’expliquer que par le fait que la surface de la Terre était courbe et non rectiligne, induisant une forme sphérique ou cylindrique de celle-ci ! Si Socrate déclarait que la terre était ronde selon le tout premier ouvrage de cosmologie écrit vers 360 av. J.-C. le Timée de Platon, Aristote renforça cette idée en remarquant que l’ombre de la Terre projetée sur la Lune lors des éclipses était circulaire, ce qui impliquait qu’elle était sphérique. C’est plus tard qu’un autre savant grec, Eratosthène, parvint au 3e siècle avant notre ère à réaliser des tables d’éclipses, à réper- torier plus de 675 étoiles, mais aussi à déterminer l’inclinaison de l’écliptique par

rapport à l’équateur, et enfin à calculer la circonférence de la Terre… Des avancées considérables dans la conception de la cosmologie antique ! D’autres savants Grecs jouèrent également un rôle tout aussi crucial, à l’instar de l’astronome et mathématicien Aristarque de Samos, qui laissa à la postérité son ouvrage intitulé Sur les dimensions et des distances du Soleil et de la Lune, dont on estime qu’il fut rédigé au début du 3e siècle av. J.-C. et qui, soit dit en passant, reste à ce jour le plus ancien ouvrage connu sur le sujet à ce jour. En plus d’avoir été l’un des premiers à avancer une hypothèse reposant sur l’héliocentrisme et non sur le géocentrisme, ses travaux sur les éclipses lui permirent de calculer le diamètre de la Lune et d’estimer pour la première fois avec une très grande précision la distance Terre-Lune. Au début du 2e siècle av. J.-C, ce fut au tour de l’astronome, géographe et mathématicien grec Hipparque de briller dans les sciences cosmologiques. Partant du principe que puisque lors d’une éclipse, le disque de la Lune recouvrait entièrement celui du Soleil, si l’on savait calculer la distance Terre-Lune, alors on pouvait en déduire la distance Terre Soleil. Ensuite sa méthode consistait à évaluer la parallaxe # du Soleil et il parvint à estimer dans une fourchette assez précise la distance Terre-Lune, même s’il sous-estima considérablement celle entre la Terre et le Soleil.

Le saviez-vous ?

#On appelle la parallaxe d’un astre l’angle sous lequel serait visible depuis cet astre une longueur conventionnellement choisie (le plus souvent le rayon équatorial de la Terre) située à la distance de la Terre.