Les cellules-souches

Les cellules-souches, du fait de leur capacité à se renouveler et à se différencier, représentent un espoir en recherche médicale. Si l’on en trouve chez l’adulte, c’est vers les cellules- souches embryonnaires que les regards se tournent. Ce qui n’est pas sans poser de sérieux problèmes éthiques.

DES PROPRIÉTÉS FASCINANTES

Les recherches sur les cellules-souches sont très actives depuis un certain nombre d’années du fait de leur fort pouvoir thérapeutique. La thérapie cellulaire a fait d’immenses progrès et des millions de patients espèrent beaucoup de la médecine régénératrice. Ces thérapies cellulaires utilisent les deux propriétés étonnantes des cellules-souches: l’auto- renouvellement, c’est-à-dire le fait de se multiplier indéfiniment par division cellulaire, en donnant de nouvelles cellules-souches, et la différenciation, c’est-à-dire la production de cellules spécialisées selon certaines conditions de milieu, par exemple de foie, de pancréas, de muscle ou encore de peau. On trouve les cellules-souches dans l’embryon, le fœtus, le sang du cordon ombilical et divers tissus de l’individu après sa naissance, au stade adulte. Malheureusement, les cellules-souches chez l’adulte ont un moindre pouvoir de renouvellement et de différenciation, ce qui pose de nombreux problèmes éthiques quant à la manipulation des embryons.

LES PRÉFIXES DE LA « POTENCE »

On distingue plusieurs types de cellules-souches selon leur capacité à se différencier en cellules de types différents. Les plus générales sont appelées totipotentes. Elles peuvent donner naissance à un organisme entier. L’œuf fécondé (le zygote) est donc la première cellule-souche totipotente et les cellules issues des toutes premières divisions mitotiques du zygote sont également totipotentes. Après quelques divisions, les cellules-souches deviennent pluripotentes, c’est-à-dire qu’elles peuvent donner naissance à toutes les variétés cellulaires de l’organisme mais plus à l’organisme tout entier. Ensuite, les cellules-souches qui peuvent donner naissance à plusieurs types cellulaires mais d’une même variété (elles sont déterminées) sont appelées multipotentes. Enfin, une cellule-souche ne pouvant donner naissance qu’à un seul type de cellule sera appelée unipotente. Les chercheurs s’intéressent donc aux cellules pluripotentes, les plus à même d’être utilisées en thérapie cellulaire.

CELLULES-SOUCHES EMBRYONNAIRES

C’est chez l’embryon que l’on trouve les cellules- souches pluripotentes. On comprend alors que toute l’attention des chercheurs se porte sur les tissus embryonnaires. Il existe trois types de cellules pluripotentes uniquement présents dans ces tissus embryonnaires. Elles proviennent d’embryons surnuméraires conçus par fécondation in vitro ou par « clonage thérapeutique ». C’est en laboratoire qu’elles sont mises en culture et induites à se différencier dans le sens des cellules que l’on souhaite
obtenir. On trouve d’abord les cellules-souches embryonnaires (cellules ES) qui sont issues du bouton embryonnaire. Elles possèdent une « carte d’identité » moléculaire spécifique permettant de les identifier. Ensuite, on distingue les cellules-souches germinales (cellules EG), qui proviennent des testicules ou des ovaires, pouvant donner naissance à des cellules différenciées non germinales. Enfin, les cellules de carcinome embryonnaire (cellule EC) proviennent des tumeurs malignes humaines.

CELLULES-SOUCHES NEURALES

Les cellules-souches existent naturellement aussi chez l’adulte. Présentes dans la plupart des tissus, elles sont multipotentes. Elles offrent donc un potentiel restreint par rapport aux cellules-souches embryonnaires. Les essais de thérapie cellulaire menés avec des cellules-souches provenant de l’adulte ont montré une efficacité limitée, d’une part car elles sont peu accessibles et d’autre part, parce que leur capacité de différenciation ne s’est pas avérée aussi efficace que prévu initialement. Toutefois, un type de cellule adulte semble offrir des espoirs pour la recherche médicale. Ce sont les cellules-souches neurales. Chez l’embryon, elles se forment dans le tube neural. Mais des neurones naissent tout au long de la vie dans le cerveau adulte des mammifères. L’existence de ces cellules-souches neurales dans le cerveau adulte représente un intérêt thérapeutique majeur dans le cas des maladies neurodégénératives caractérisées par la disparition progressive de certains neurones.

LES APPLICATIONS THÉRAPEUTIQUES ET LES ENJEUX ÉTHIQUES

Les applications thérapeutiques des cellules-souches sont nombreuses et déjà pratiquées depuis plusieurs dizaines d’années. C’est le cas des greffes de moelle osseuse ou des greffes autologues réalisées à partir de cellules du malade lui-même. Ainsi, des cellules- souches musculaires ont été greffées dans un cœur partiellement détruit. En France, des essais sont menés dans trois directions: l’infarctus du myocarde, l’insuffisance cardiaque et l’artériopathie des membres inférieurs. De même, des greffes de cellules pancréatiques ont été réalisées pour délivrer de l’insuline à des patients diabétiques. Cependant, ce sont les cellules-souches embryonnaires qui restent les plus efficaces. Elles permettent de progresser dans la connaissance du développement humain ou de penser une toxicologie prédictive. La loi sur la bioéthique de 2004 a été votée pour encadrer les recherches sur les cellules-souches embryonnaires, car les espoirs sont à la hauteur des dangers d’une trop grande manipulation.

À RETENIR

Les cellules-souches, que l’on trouve chez les mammifères à tous les stades de développement, possèdent deux propriétés qui leur confèrent un rôle déterminant en thérapie cellulaire. Elles ont la capacité de se renouveler et celle de se différencier. L’étendue du champ de différenciation les classe en plusieurs catégories, totipotente, pluripotente, multipotente et unipotente. C’est chez l’embryon que l’on trouve les cellules-souches les plus efficaces dans le cadre de la thérapie cellulaire, ce qui pose de très sérieux problèmes éthiques.

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