Avec le mur de Planck, science et métaphysique semblent se confondre, bousculant ainsi notre conception du monde, de l’Univers et inévitablement. . . de l’humanité.
Le mur de Planck nous renvoie à la limite théorique de l’Univers, alors âgé de 1 0 44 secondes. Pourtant, une telle limite n’a objectivement pas de sens, car si elle précède la création de l’Univers, son existence même voudrait qu’elle succède à quelque chose d’antérieur l’ayant engendrée… C’est en 1900 que Max Planck publie sa théorie de l’Univers limité ; le mur de Planck ainsi décrit ne renvoie pas à l’instant zéro, mais à l’instant le plus proche après ce dernier, définissant par conséquent une longueur ultime : la plus petite distance entre deux points de l’Univers depuis sa création, que Planck détermine à 10’33 cm, soit 0,000 000 000 000 000 000 000 000 000000001 centimètre ! Tout ce que nous connaissons aujourd’hui est alors contenu dans une minuscule sphère et renferme donc les quatre interactions fondamentales : interaction forte, interaction faible, électromagnétisme et gravitation. Planck va même jusqu’à estimer la masse de cette membrane sphérique à 20 microgrammes, contenant une énergie en mouvement dans un cône d’espace-temps. La température qui règne est de l’ordre de 1032 °C, ou 1 00 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 °C ! Des chiffres qui dépassent notre entendement et notre faculté de conceptualisation de ce que pouvaient être que les conditions primordiales de cet univers. Au temps de Planck, le temps tel que nous le connaissons n’existe pas ; il ne s’écoule pas, il est donc « fixe » et il est par conséquent appelé » temps complexe », en rupture avec le temps réel que nous connaissons. Tout n’est alors qu’information, concentrée dans un modèle mathématique mais non physique, puisque les particules et la matière physique n’existent pas encore. Les scientifiques se sont toutefois avancés à supposer l’existence de deux types de particules hypothétiques : les instantons et les monopoles gravitationnels. Ces derniers auraient été comme des bulles à la surface contenant le temps réel, l’énergie et le mouvement. Les instantons auraient été au contraire des billes contenant l’information pure et le temps dit « imaginaire », car situé de l’autre côté du mur de Planck. Si cette théorie n’a pour l’instant jamais pu être vérifiée par l’expérience, elle est pourtant communément admise par la communauté scientifique. À Planck, tout est en évolution constante, et si le contenu de la membrane n’est qu ‘ information, le questionnement légitime de savoir d’où celle-ci provient ne trouve aucune réponse à ce jour, puisque nous nous heurtons justement à ce point de concentration de l’Univers qu’est le mur de Planck. D’autre part, si l’information de l’Univers tout entier était contenue dans la membrane, qu’y avait-il alors au dehors de celle-ci ? Si certains se sont avancés à des hypothèses controversées sur l’avant Big Bang – voire sur l’avant mur de Planck – le développement actuel des théories des cordes # et des supercordes laisse plutôt présager que le Temps et l’Espace ne seraient
pas des concepts premiers, mais plutôt issus d’une physique plus complexe et qui nous échappe encore… L’idée nouvelle au cœur de ces modèles est de ne plus considérer un constituant de matière ou une particule comme un objet se déplaçant dans le temps, mais comme la résultante d’une vibration d’un objet filiforme ou une petite corde cosmique. Ces cordes vont pouvoir s’étirer, se tordre ou prendre des formes géométriques complexes dans l’espace sans changer leurs propriétés observables. Elles pourraient même, dans un processus de « cassure » et de « collage » à l’échelle des particules élémentaires, échanger des « bouts de cordes », brisant par la même occasion le concept de séparation entre les constituants de la matière et les médiateurs des interactions particulaires : tout se passerait ainsi par le biais des cordes. L’avantage Immense de cette théorie des supercordes est la réconciliation entre la mécanique quantique et la théorie de la gravitation d’Albert Einstein, bien que sa construction mathématique reste incomplète et que plusieurs phénomènes physiques qui lui sont rattachés n’aient encore jamais été observés (supersymétrie, dimensions supplémentaires, etc.). C’est en parvenant à comprendre et à unifier ces théorèmes que le franchissement du mur de Planck sera enfin envisageable.
saviez-vous ? Il existe plusieurs théories des cordes, qui prédisent chacune un nombre de dimensions différent, ainsi que des variations sur la nature des cordes (cordes ouvertes ou fermées). La théorie bosonique des cordes à 26 dimensions est la théorie originale des cordes… et la plus simple !