Une aventure fascinante… risquée !

Du trajet en lui-même aux aléas de la vie sur Mars, bien des périls guettent les futurs colons ! Les chercheurs tentent aujourd’hui de trouver des solutions pour minimiser les risques demain. Mais l’aventure sera forcément dangereuse…

D’ici quelques années donc, des hommes embarqueront dans des vaisseaux spatiaux pour se rendre sur Mars. Mais avant même l’atterrissage, les problèmes commencent ! Plusieurs études scientifiques ont en effet montré que les voyages de longue durée dans l’espace étaient la source de plusieurs maux physiologiques : réduction de la densité osseuse, atrophie des muscles, diminution de la capacité du corps à éliminer des cellules cancéreuses ou défectueuses… D’après les dernières recherches, les cellules humaines seraient tellement occupées à réagir à l’absence de gravité qu’elles en oublieraient de lutter contre les pathogènes, ce qui rendrait la guérison des plaies plus lente et plus difficile que sur Terre. Par ailleurs, il est désormais confirmé que la micro-gravité altère la régénérescence des vaisseaux sanguins et active les gènes impliqués dans l’arthrite et la croissance des tumeurs. L’affaiblissement global du système immunitaire pourrait avoir de graves conséquences après plusieurs années dans l’espace. Une étude du V/ake Forest Institute for Regenerative Medicine, menée sur des cellules souches humaines exposées à des radiations semblables à celles qu’un équipage d’une exploration interplanétaire pourrait subir, a ainsi révélé que les membres d’équipage d’une mission habitée vers la Planète rouge auraient des risques non négligeables de développer une leucémie #… Le cerveau des astronautes subit, lui aussi, plusieurs dommages potentiels une fois sorti de la protection du champ magnétique terrestre. Les radiations cosmiques accéléreraient notamment la dégénérescence neurologique, favorisant le développement de la maladie d’Alzheimer.

VIVRE SUR MARS…

Misons sur le fait que la technologie parvienne à résoudre le problème des radiations interstellaires et à atténuer les conséquences de la micro-gravité. Après un long voyage, nos colons débarquent donc en bonne santé sur le sol de Mars. Et après ? Si la question de l’habitat martien n’est pas encore réglée (plusieurs projets de bases extraterrestres sont encore à l’étude), il apparaît désormais évident que l’un des facteurs principaux de réussite sera l’autonomie des explorateurs, qui devront compter davantage sur eux-mêmes que sur une éventuelle aide extérieure. « L’un des plus grands challenges, c’est d’envoyer la nourriture, l’oxygène et les autres ressources nécessaires à la survie des astronautes pendant une longue durée. Par exemple, les provisions d’une année de nourriture pour un équipage de six personnes – plus le carburant supplémentaire nécessaire – ajoutent près de 30 tonnes au chargement. Si on veut établir des colonies sur Mars, on n’aura pas le choix : il faudra apprendre à utiliser ce que l’on trouve sur place pour ne pas à avoir à tout envoyer depuis la Terre » explique Cyprien Verseux, précisant qu’une des solutions pourrait être apportée par des cyanobactéries. « Il s’agit de microbes verts qui font de la photosynthèse et résistent à des conditions extrêmes. Si on les ramène sur Mars, les cyanobactéries pourraient permettre le développement d’un écosystème miniature et produire les ressources nécessaires à la survie des pionniers – nourriture, carburant, oxygène… ». Bref, pour qu’une colonie humaine s’établisse de manière permanente sur Mars, il faudra être en mesure de produire un maximum de denrées énergétiques et alimentaires. La bonne nouvelle, c’est qu’on vient d’apprendre que l’on pourra faire pousser des patates sur la Planète rouge ! En mars 201 7, des chercheurs du Centre international de la pomme de terre (non, ce n’est pas une plaisanterie, cet organisme existe bel et bien et se trouve à Lima, au Pérou), en collaboration avec la NASA, ont annoncé avoir réussi à faire pousser un plant de pommes de terre dans une atmosphère au plus proche de celle de Mars. À l’intérieur d’un CubeSat – une sorte de satellite miniaturisé -, les chercheurs du CIP ont élaboré un environnement hermétique qui recree les conditions de l’air et du sol martiens, des températures à la pression de l’air, en passant par les teneurs en oxygène et en dioxyde de carbone, rapporte le blog D-briefdu magazine Discover. La variété de pomme de terre n’a bien évidemment pas été choisie au hasard : les chercheurs ont opté pour une espèce de patate qui pousse déjà au Bangladesh, adaptée à un environnement salé et résistante aux facteurs de stress abiotiques. D’autres travaux avaient déjà montré que les cultures réalisées sur Terre dans la reproduction d’un terreau de Mars pouvaient produire des légumes parfaitement comestibles.

…ET MOURIR SUR UNE AUTRE PLANÈTE

La mauvaise nouvelle en revanche, c’est que l’aventure martienne sera très probablement ponctuée d’un grand nombre décès. Elon Musk, pourtant l’un des plus fervents partisans de la colonisation de Mars, ne se voile pas la face à ce sujet. Il va y avoir des morts. « Le risque de décès sera élevé, c’est une évidence » concède l’entrepreneur surdoué, qui estime néanmoins que d’ici la fin du siècle, une colonie auto-suffisante d’un million d’individus devrait avoir été mise en place. Les conclusions du rapport réalisé par des chercheurs en aéronautique du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) vont dans le même sens : les premiers décès devraient même survenir après seulement quelques semaines sur place. Les risques sont aussi bien liés à l’habitacle qu’aux conditions environnementales. Ainsi, les colons seront exposés à des accidents techniques tels qu’un dérèglement du transfert d’oxygène dans les capsules habitables (en cas de baisse ou de surplus d’oxygène, ce sera l’asphyxie), ou un incendie domestique provoqué par une défaillance des systèmes électriques. Il est vrai que la première base martienne servira de testeur à de nombreuses technologies innovantes… donc encore fragiles. De plus, il faudra se méfier des tempêtes de poussières, qui peuvent être planétaires et dévastatrices, pour les hommes comme pour les instruments électroniques, qui pourraient être gravement endommagés. Sans compter les dangers d’une simple chute entraînant une fracture. « Si vous vous cassez une hanche sur Mars, en fait vous êtes mort», rappelle Lewis Dartnell, un chercheur en astrobiologie. Autant de risques qualifiés « d’acceptables » pour les défenseurs des programmes de colonisation martienne. « La colonisation est risquée. Les pertes en vies humaines sont non seulement prévisibles, mais elles font partie du processus. Ceux qui se lancent dans de telles aventures le savent, et sont prêts à prendre ce risque. Si on ne l’admet pas, on ne s’établira pas sur Mars avant plusieurs siècles, sans parler d’autres endroits du système solaire ou au-delà. Le futur colon martien prendra un ticket aller simple. Il ne sera pas astronaute, sinon de manière temporaire, le temps du voyage. Mais il devra avoir des compétences en matière de survie sur le terrain, et être prêt à mourir bêtement à cause d’une panne de circuit, une fuite d’air, une irradiation trop importante, ou parce qu ‘une récolte entière sera perdue » théorise Jean-Paul Fritz. La perspective d’une colonie permanente sur une autre planète que la Terre pose ainsi bien des questionnements éthiques sur la vie et la mort des aventuriers de demain. Si une agence spatiale apprend qu’une mission est sur le point de virer au désastre, devra-t-elle en informer l’équipage afin qu’il se prépare au pire ? Jusqu’à quel point les prérogatives de la mission surpasseront-elles la sécurité individuelle ? Comment les membres de la base martienne devront-ils traiter la mort d’un de leurs collègues ? Sur Mars, serait-il acceptable de transformer en compost les cadavres des colons ? Devra-t-on construire des cimetières ou stockera-t-on les corps dans l’attente d’une future inhumation sur Terre ? Ce n’est là qu’une infime partie des questions auxquelles il faudra répondre avant le grand voyage vers Mars…

Saviez-vous ?

Au cours de cette expérience, les cellules souches irradiées par des particules énergétiques solaires et des rayons cosmiques galactiques se sont transformées en lymphocytes anormaux ressemblant en tout point à ceux qui caractérisent la leucémie aigüe lymphoblastique, autrement dit, un cancer du sang.

« L’UN DES FACTEURS PRINCIPAUX DE RÉUSSITE D’UNE COLONIE MARTIENNE SERA L’AUTONOMIE DES EXPLORATEURS, QUI DEVRONT COMPTER DAVANTAGE SUR EUX-MÊMES QUE SUR UNE ÉVENTUELLE AIDE EXTÉRIEURE… »

Aller plus loin

SOLAR EXPRESS : REJOINDRE MARS EN 37 HEURES?

Imaginactive, une organisation à but non lucratif dont la mission est « d’inspirer les générations futures pour créer l’avenir de la mobilité », a présenté il y a quelques mois son concept de train spatial express vers les différentes planètes du système solaire. Partant du principe que dans l’espace, les phases du voyage qui reviennent le plus cher sont les moments d’accélération et décélération, ce moyen de transport se déplacerait continuellement et à grande vitesse sur un tracé déterminé. « U ne s’arrêterait jamais, ainsi tous les petits vaisseaux devraient prendre le train en marche » explique Charles Bombardier, de Imaginactive. Concrètement, le Solar Express serait composé d’une série de six cylindres alignés, chaque compartiment ayant une longueur d’au moins 50 mètres. Une fois Lancé, le train utiliserait la force de gravité pour passer autour des planètes ou des lunes, sa vitesse pouvant être fixée à 1 % de la vitesse de la lumière, soit environ 3 000 kilomètres par seconde. Il pourrait ainsi transporter des hommes et des marchandises I vers différents astres du système solaire en quelques heures seulement. Plusieurs itinéraires différents sont envisagés, avec des prix variables : Terre/Lune (384,472.28 km) en 2,13 minutes, Terre/Vénus (261 millions km) en 24,17 heures et Terre/Mars (401 millions km) en 37,13 heures).

CE QU’IL FAUT RETENIR

*UNE PREMIÈRE BASE MARTIENNE À L’HORIZON 2030 *UN VOYAGE DANGEREUX POUR LA SANTÉ DES MEMBRES D’ÉQUIPAGE *UNE VIE SUR MARS SEMÉE D’EMBÛCHES ET DE DANGERS POUR LES PREMIERS COLONS

REPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES

-> Cyprien Verseux, A la Conquête de Mars, Éditions Michel Lafon
-> Collectif, Embarquement pour Mars : Les défis à relever, Éditions A2C Médias -> Stephen L. Petrane

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