La résilience désigne la capacité d’un être, d’un objet, d’une organisation ou d’un matériau à retrouver ses propriétés initiales après un choc ou une altération. En psychologie, la résilience désigne le fait de se relever après un traumatisme. Mais comment améliorer cette capacité ?

CE QUI NE NOUS TUE PAS NOUS REND-IL PLUS FORT?

En France, le premier à avoir abordé cette notion de résilience est le psychiatre Boris Cyrulnik, qui a lui- même connu un traumatisme important: d’origine juive, il a été sauvé in extremis pendant la Seconde Guerre mondiale, contrairement à ses parents. Devenu psychiatre, il s’est intéressé au processus permettant aux humains de surmonter un stress post-traumatique. Il a ainsi étudié d’anciens soldats, des enfants élevés dans des orphelinats roumains, ainsi que des enfants vivant dans la rue en Bolivie. Le sujet de ses interrogations est le suivant: qu’est-ce qui fait qu’une personne, exposée pourtant à un stress intense et prolongé, puisse se reconstruire correctement en ne gardant que très peu de séquelles de son traumatisme? C’est une question essentielle et la réponse peut nous être utile car nous devons tous, à un moment ou à un autre de notre vie, faire face à des deuils, des accidents de la vie, des maladies longues, des licenciements, des traumatismes psychologiques… Alors, comment se relever?

UNE CAPACITÉ DE RÉSILIENCE DIFFÉRENTE D’UN INDIVIDU À L’AUTRE?

La résilience peut être vue comme la capacité à gérer son stress. Tout obstacle, challenge, traumatisme physique ou psychologique, décès, échec ou encore maltraitance est considéré comme un facteur de stress plus ou moins intense par notre organisme. Ce stress provoque dans notre corps une cascade d’effets positifs dans un premier temps (focalisation de l’attention, énergie renouvelée…), mais qui deviennent très vite délétères si la situation se prolonge. Apprendre à gérer son stress est indispensable pour augmenter sa faculté de résilience. Malheureusement, des études récentes prouvent que nous sommes très inégaux face au stress. Le stress étant une réponse biologique de l’organisme, la façon innée (et difficilement contrôlable) dont notre corps synthétise des hormones comme l’adrénaline ou le cortisol (les hormones du stress), ou la dopamine et les endorphines (les hormones luttant contre le stress) conditionnerait notre manière de le gérer.

LA RÉÉVALUATION COGNITIVE

Heureusement, l’inné ne fait pas tout: il est possible d’acquérir des stratégies pour pouvoir améliorer sa résilience et sortir grandi d’une épreuve. La première de ces stratégies est la réévaluation cognitive. C’est le fait de réévaluer une situation à l’origine problématique pour lui donner un sens différent et ainsi l’intégrer différemment dans son histoire. Par exemple, une personne victime d’un viol peut porter les stigmates de son agression toute sa vie:

CULTIVER LES ÉMOTIONS POSITIVES

Atténuer les émotions négatives en réévaluant la situation d’un œil neuf n’est pas suffisant pour rebondir: il faut aussi vivre un maximum d’émotions positives si l’on veut se remettre. D’ailleurs, toutes les études disent que les personnes optimistes qui ressentent beaucoup d’émotions positives vivent plus longtemps et en meilleure santé. Comment provoquer des émotions positives? Le moyen le plus sûr est de créer et de maintenir des liens sociaux avec des personnes aimées et aimantes. Il est bien plus difficile, voire impossible, de se remettre d’un traumatisme quand on est socialement isolé. D’ailleurs, un grand réseau n’est pas forcément nécessaire: quelquefois une seule personne suffit. C’est ce que l’on a pu voir dans les cas de sévices envers des enfants par des parents maltraitants. Ces derniers ne pouvant pas devenir des « personnes tuteurs » sur lesquelles s’appuyer, l’enfant choisit une autre personne pour créer une relation positive : un ami, un professeur, un oncle…

AIDER LES AUTRES

Beaucoup d’individus faisant preuve d’une grande résilience ont ce point commun: ils transforment leur traumatisme en cause à défendre. Ainsi, ils en font un objet positif et valorisant au lieu de n’en garder que l’aspect négatif. Ils subliment en quelque sorte leur souffrance, leur blessure et leur tourment pour en sortir plus forts et se réparent ainsi en aidant d’autres personnes. Si l’on reprend l’exemple de la personne violée, cette dernière peut très bien, pour mieux « digérer » son traumatisme, agir en faveur de la lutte contre le viol, les femmes battues, l’enfance en danger, etc. Cela peut prendre la forme d’un don ou d’une période de bénévolat dans une association dédiée à cette cause. Certaines personnes ont même repris des études pour étudier le droit ou pour travailler dans le social et ainsi défendre ceux qui ont besoin d’aide, ce qui leur permet notamment de parler de leur traumatisme en lui donnant un sens différent (réévaluation cognitive).

À RETENIR

La résilience est la capacité de se reconstruire après un traumatisme. Cette aptitude est différente d’un individu à un autre, car elle repose sur des processus biologiques, ainsi que sur des compétences sociales, cognitives, comportementales et émotionnelles. Mais elle peut se travailler. Réévaluer sa situation afin de la voir de façon moins négative, bien s’entourer de personnes aimantes, vivre un maximum d’émotions positives et transformer sa souffrance en cause à défendre, sont des stratégies payantes pour améliorer sa résilience.